En novembre dernier, le Gracq asbl qui encadre les cyclistes au quotidien, lançait sa première grande enquête de satisfaction sur les politiques cyclables communales. Les résultats ont été publiés aujourd’hui. Et, force est de constater que le climat est particulièrement défavorable à la pratique du vélo en Wallonie et tout particulièrement à Verviers.
Audrey Degrange
Qu’elles soient sanitaire, environnementale ou encore financière, les différentes crises que nous traversons amènent bon nombre de citoyens à repenser leur mobilité. Et ils sont nombreux à avoir ressorti leur vélo. Mais l’enfourcher est-il si facile et agréable au vu du peu d’infrastructures présentes dans certaines villes? c’est ce que le Gracq a, entre autre, voulu savoir via une enquête. « L’objectif de ce baromètre, c’était vraiment de recueillir le ressenti des cyclistes au quotidien par rapport à leur vécu personnel , rappelle Rémi Gueuning, Responsable du Gracq Verviers. On est donc vraiment dans des appréciations personnelles. L’idée étant du coup de faire une moyenne au niveau wallon. C’est la première fois que cette initiative est lancée. Au mois de novembre, les personnes ont été amenées à répondre et on quand même eu plus de 13.500 réponses pour l’ensemble de la Wallonie et du coup, ça permet de faire des moyennes par commune. »
Et le bilan est plutôt sévère. Seules Ottignies et Marche sont jugées comme communes plutôt favorables au vélo. Les autres le sont moyennement voire pas du tout. Dans notre arrondissement, seule Malmedy tire son épingle du jeu. Verviers arrive en dernière position des plus grandes villes wallonnes. Ce qui pour le Gracq est loin d’être surprenant vu le peu d’investissement consenti par les politiques pour les aménagements cyclables. « C’est clair qu’il y a un retard par rapport à d’autres communes. Si on regarde la tête du classement, on a Namur, Tournai, Mons qui bénéficient de subsides depuis les années 2010. Finalement, c’est là qu’on sent la différence. Et c’est là que le baromètre est intéressant. On va le refaire tous les deux ans et ça permettra de voir quels impacts ont les investissements d’aujourd’hui sur le ressenti des cyclistes», poursuit Rémi Geuning.
Sur Verviers, 171 cyclistes entre 18 et 64 ans ont pris le temps de partager leur expérience. Plus de 70% d’entre eux roulent régulièrement et pour tous, c’est le sentiment d’insécurité qui prime, s’ensuivent le manque d’entretien des infrastructures et le peu de volonté politique. « Il faut effectivement une volonté politique derrière pour créer des aménagements de qualité et pertinent. Et qui permettent d’aller d’un point A à un point Z de manière continue sans avoir un aménagement sur une rue et puis plus rien. Donc tant qu’il n’y aura pas de réelle volonté, ça n’encouragera pas les cyclistes à enfourcher davantage leur bécane. »
Du côté de la ville de Verviers, si on reconnaît être à la traine, la volonté est bien de progresser. « Cette étude doit être analysée avec le Gracq notamment et à partir de là, je pense qu’un groupe de travail pourrait être mis sur pied en concertation avec la commission vélo pour essayer de trouver des pistes d’action. Ce sera plus efficace. », note Amaury Deltour, Echevin de la Mobilité à Verviers
1 million 200 mille euros, c’est aussi le subside que les autorités communales ont reçu dans le cadre du plan Wallonie cyclable. Des améliorations sont donc prévues, certaines déjà programmées. « Le plus éclairant, c’est peut-être la rue de Limbourg dont la réfection sera globale et résiliente. On prévoit des aménagements cyclistes de qualité qui seront complémentaires à la Vesdrienne. On essaye donc de sécuriser le cycliste par rapport aux automobiles. »
Du stationnement adapté et sécurisé pour les vélos encouragerait également la pratique. S’il reste encore du chemin à parcourir, le Gracq se veut résolument optimiste. 2024 et les prochaines élections communales pourraient replacer la mobilité douce au centre des débats.