À quelques mois de plusieurs rendez-vous électoraux, L’Union Générale des Infirmiers de Belgique a souhaité interpeller le monde politique sur la situation infirmière à travers un mémorandum. La profession est en crise, ce n’est pas un secret. Une récente enquête révèle qu’un infirmier sur dix est en absence maladie. La surcharge de travail est devenue difficile à gérer. Josiane Latré, infirmière depuis 1984, nous livre son témoignage.
Si la pandémie de Covid nous a appris une chose, c’est bien à quel point les infirmiers sont essentiels. 3 ans plus tard, les applaudissements de l’époque n’ont toujours rien donné. La difficulté du métier s’intensifie et la pénurie d’infirmiers est de plus en plus criante. Josiane Latré, déléguée syndicale Setca et infirmière depuis 40 ans, nous livre son témoignage. « Le métier que j’ai choisi à l’époque n’est plus ce métier là maintenant. Le côté empathie du patient, on l’a toujours, mais le nombre de fois qu’on doit dire: « je n’ai pas le temps »… Le « je reviens vers vous » n’existe plus, car on n’a pas le temps. L’idéal serait de s’occuper de 8 patients et nous en sommes à 11 pour une infirmière et la nuit, généralement, on est seule pour une trentaine de patients. Nous avons des aides mobiles, mais nous sommes la seule responsable pour un si grand nombre de lits ».
Les tâches administratives toujours plus nombreuses empêchent aussi les infirmiers d’être plus proches du patient. Une pression et une surcharge de travail qui mène aujourd’hui à de nombreuses absences longue durée. En Belgique, une infirmière sur 10 est en absence maladie alors que d’autres quittent la profession, démotivées. « Je suis même étonnée que ce ne soit qu’une seule infirmière sur 10. Quand ça ne va pas, on n’ose pas toujours directement le dire. On se dit que si on ne vient pas, le problème sera encore plus important pour nos collègues présentes. Je pense d’ailleurs que c’est pour ça qu’on arrive à de longues périodes de maladie. Car on va trop loin. On ne s’absente pas assez tôt », ajoute encore l’infirmière.
Valoriser les études, la solution ?
Aujourd’hui, les écoles d’infirmières ne sont plus aussi fréquentées qu’avant. Le métier n’intéresse plus et les infirmières diplômées ne suffisent pas encore à remplir le trou. L’Union Générale des Infirmiers de Belgique avance aujourd’hui des priorités et des solutions pour le politique comme la revalorisation. L’UGIB demande aussi de compter davantage dans les décisions politiques. Mais Josiane Latré peine à y croire encore. « C’est une profession qui maintenant fait peur… Ça fait 20 ans qu’on crie… »
Ailleurs, en maison de repos ou à domicile par exemple, la situation est la même, si pas plus difficile encore.(M.B)