Depuis le 21 mai, une enquête publique est en cours au carrefour de Maison-Bois situé à cheval sur les communes de Theux et Verviers. L’idée est de le sécuriser au moyen d’un rond-point. Sauf que pour le faire, il faudrait à la fois exproprier un restaurateur et détruire une tour emblématique du patrimoine verviétois.
Audrey Degrange
Au carrefour entre la route d’Oneux, la rue Georges Albert, la Bouquette et la Drève de Maison-Bois, le traffic est pour le moins intense. Y circuler est parfois compliqué. Le Service Public de Wallonie souhaite donc sécuriser l’endroit en y réalisant un rond-point. « Ça fait de nombreuses années que nous sommes interpellés par les riverains, par les autorités communales de police pour la dangerosité de ce carrefour, explique Philippe Elsen, Directeur de la direction des routes de Verviers – SPW. Les choses vont encore s’amplifier parce que toute cette zone est appelée à être bâtie et accueillir de nouveaux développements. Objectivement, il y a une insécurité à ce carrefour là. »
Problème, ce projet d’aménagement menace directement le restaurant de Marc Bodeux et la tour qui y est attenante. Le tout serait purement et simplement détruit. Après la crise sanitaire et énergétique, c’est une nouvelle tuile pour ce restaurateur et surtout un témoin important du patrimoine verviétois qui pourrait disparaître. « La tour ici, moi je dis la petite tour blanche, il y en a qui disent l’octroi et beaucoup disent la motte de beurre fait partie intégrante du patrimoine verviétois parce qu’elle était l’entrée du domaine de Maison-Bois où ils élevaient plus de 4000 moutons pour fournir la laine à l’industrie lainière de Verviers dans les années 1800-1900 par là. »
Ce giratoire, cela fait pourtant 20 ans qu’on en parle. Lorsqu’il s’installe ici Marc Bodeux est pleinement conscient du projet. Mais il est loin de s’imaginer qu’il pourrait se faire exproprier pour une question d’utilité publique. D’autant plus que selon lui, des alternatives existent. « De mon point de vue, il y en a deux, détaille-t-il. Il y en a une qui permet un rond-point mais décentré. Ça permettrait de ne pas exproprier, ça permettrait aussi de sécuriser les pistes cyclables qui sont prévues. Et puis tout simplement un projet qui couterait beaucoup moins cher, c’est de mettre des feux de signalisation. »
« Evidemment qu’on pourrait mettre des feux, cela a été analysé en commission provinciale de sécurité routière, toutes les options ont été analysées et la meilleure qui rencontre tous les enjeux de sécurité, c’est la version rond-point », insiste Philippe Elsen.
Une réponse loin de satisfaire Marc Bodeux et le propriétaire des lieux, Ronald de Kerchove. Ils ont lancé une pétition. Elle a déjà recueilli plus de 450 signatures. S’il peut comprendre la mobilisation, Philippe Elsen s’en étonne tout de même. « La mobilisation du propriétaire, ma foi il le savait bien, il y a des papiers signés. Le locataire, je ne sais pas ce qu’il en savait précisément. Et par rapport au petit octroi, il faut savoir qu’il y en avait un deuxième, je crois que que le propriétaire l’a dit, sur une parcelle qui lui appartenait, qu’il a vendue et qui a été démoli. Je ne pense pas qu’il en ait fait grand foin. Ce n’est pas un bâtiment classé. Je peux comprendre qu’on y soit attaché, la question n’est pas là. Il n’a pas une valeur patrimoine de la même qualité que les autres octrois comme celui de Kermadec. Il faut bien, à un moment donné, balancer les enjeux de sécurité routière et un bâtiment qui est ce qu’il est. »
Quoiqu’il arrive, l’enquête publique court, elle, jusqu’au 21 juin.