Du jour au lendemain et sans considération, c’est la manière dont 3 demandeurs d’asile, étudiant à l’IPES Verviers, ont été expulsés récemment. Une situation rapportée ce mardi par les professeurs et étudiants de l’établissement qui avaient organisé une action, rue de la Station, pour sensibiliser la population à la politique migratoire de notre pays.
Audrey Degrange
Le rassemblement se veut avant tout citoyen mais ce sont bien des enseignants et des étudiants qui sont, ici, réunis pour dénoncer les pratiques jugées inhumaines du parcours d’intégration en Belgique. L’élément déclencheur, l’expulsion en novembre dernier d’un étudiant, arrivé chez nous en 2019 et inscrit en alphabétisation à l’IPES Verviers. La 3ème depuis la rentrée. « Il était en passe d’obtenir son CESS c’est-à-dire sa 6ème secondaire en juin, explique Isabelle Pirnay, Enseignante et Porte-parole du mouvement citoyen. Il a été expulsé sans même avoir le temps d’aller au bout de cet effort, il était vraiment parmi les étudiants les plus méritants de sa classe, il était extrêmement bien intégré. Il était fédérateur et c’est vraiment dommage. Et nous, en tant qu’enseignant ou humain, c’est le genre de choses qu’on ne comprend pas. Pourquoi ne pas lui avoir laissé le temps de terminer ce qu’il avait entrepris. »
Une incompréhension d’autant plus grande que les politiques d’asile et de migration en vigueur prônent des messages d’adaptation. « C’est tout à fait paradoxal de demander et ce, même si on le comprend, que les personnes s’intègrent dans la société et quand elles font ces efforts d’intégration, on n’en tient absolument pas compte, c’est aberrant. »
Le sentiment est donc à l’injustice pour la centaine de manifestants venus témoigner de leur soutien à leurs anciens camarades qui, estiment-ils, n’ont été considérés par l’Etat que comme des numéros. « On est tous peinés par le manque d’humanisme dans le traitement des dossiers, explique Louis Binet, étudiant à l’IPES Verviers. On est tous les mêmes et on a tous droit à la même chance qu’on soit issu de l’immigration ou né en Belgique. »
« Il y a un parcours à suivre, apprendre la langue, suivre des formations, étudier voir même trouver du travail et du jour au lendemain, un courrier et tout s’arrête, je trouve ça vraiment inhumain», ajoute son amie Zarha Nagui.
« J’ai moi-même été un dossier pendant plus de 10 ans, révèle Maria Troshkova, étudiante à l’IPES Verviers. Et du coup, ça été une galère et maintenant que je suis Belge et que j’ai tous les papiers, je trouve que ceux qui n’y ont pas droit, c’est quelque chose d’horrible. Je sais la galère que c’est et surtout la peur de retourner dans un pays qui n’est pas comme ici où on peut avoir une liberté d’expression et être heureux. »
L’action s’est terminée par un lâché de ballons, synonyme de la liberté et l’épanouissement recherchés par tous les demandeurs d’asile qui ont un jour dû prendre la lourde décision de fuir leur pays.