Consulter un orthodontiste pour une question esthétique ou médicale, la pratique est aujourd’hui devenue de plus en plus courante. Problème, la profession ne suit plus. Le métier est en pénurie et a dû mal à répondre à la demande dans des délais raisonnables. Reportage à la clinique médicale Orthosmile, installée à Petit-Rechain.
Audrey Degrange
Dans ce cabinet d’orthodontie, trois praticiens entourés d’une dizaine d’assistants reçoivent quotidiennement une cinquantaine de patients. Pour Eva, il s’agit d’une première visite. Un rendez-vous pris voici 8 mois déjà. Un délai d’attente qui s’est considérablement allongé au fil des ans. « La raison principale, c’est que l’orthodontiste est une discipline médicale qui prend de plus en plus de poids, souligne Mohssin El Hajjaji, Président de l’Union Francophone des Orthodontistes de Belgique. Les médecins généralistes, les logopèdes, les kinés et ORL n’hésitent pas à nous envoyer des patients pour un avis. On a également les patients qui veulent prendre soin d’eux et de leurs enfants et les faire soigner. Puis, il y a ceux qui veulent améliorer leur alignement dentaire et l’esthétisque de leur sourire.»
L’aspect esthétique est souvent celui mis en avant par la croyance populaire. Il ne représente pourtant qu’1% des actes posés. Le reste est avant tout médical. « Le but, c’est de pouvoir aligner les dents pour que les mâchoires travaillent bien ensemble pour avoir une belle parole, pour pouvoir bien mâcher, bien mastiquer et avoir un équilibre musculaire donc l’orthodontie c’est d’abord une discipline médicale et la cerise sur le gâteau, c’est cet aspect esthétique avec un alignement dentaire harmonieux », confirme le praticien.
Cette prise de conscience du corps et l’équilibre qu’une bonne dentition peut procurer peut même améliorer les performances de certains sportifs professionnels. Consulter préventivement n’est donc pas forcément gage d’un traitement mais peut parfois éviter de mauvaises surprises. « Nous par exemple, on recommande un premier rendez-vous dès l’âge de 6 ans mais généralement, vers l’âge de 7 ans, on voit nos premiers patients et puis en fonction des problèmes qu’on voit à l’âge de 4-5 ans, l’appareil n’est pas toujours indiqué, on peut déjà donner des consignes pour faire en sorte que les mâchoires grandissent correctement. »
Si la demande est croissante, le métier est lui en pénurie. Les études sont longues, 9 ans pour obtenir son diplôme et un numérus clausus toujours d’application, de quoi refroidir certaine vocation. « Les statistiques nous montrent que dans les 10 prochaines années, 30% des orthodontistes vont partir à la retraite et malheureusement ne seront pas remplacés, ce qui va réduire encore la possibilité à la population d’avoir accès aux soins d’orthodontie. »
Face à cette situation problématique, l’Union Francophone des orthodontistes de Belgique se mobilise et souhaite rester optimiste en proposant trois pistes de solutions. « Premièrement, collaborer avec les universités pour demander d’augmenter le nombre de candidats pour avoir accès à la spécialité. Deuxièmement, on met en place des technologies qui vont permettre de faire gagner du temps au niveau du traitement et du temps au niveau des cabinets donc tout ce qui est numérisation. Enfin, on va également , dans les prochains mois avoir des hygiénistes bucco-dentaire qui vont rejoindre les cabinets et à qui on pourra déléguer des actes simples comme faire des radiographies ou faire des empreintes. Ce qui nous libèrera du temps pour soigner plus de patients. »
En attendant, la patience reste de mise. Les premiers diplômés ne devraient venir renforcer les équipes que d’ici l’été.
Pour prendre un rendez-vous et connaître le praticien le plus proche de chez vous: ???? www.orthodontiste.be