Le secteur de l’Aide et de la Protection de la Jeunesse est en grève ce jeudi. Noyés sous les dossiers, les travailleurs des 26 services dont ceux de Verviers ont décidé de dire stop et tirent la sonnette d’alarme. Ils craignent pour la sécurité des enfants dont ils ont la charge, faute de places d’accueil.
Audrey Degrange
C’est un véritable appel au secours que lancent les Services d’Aide à la Jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Dans tous les services y compris ceux de Verviers, le personnel est à bout face à des situations de détresse qui ne cessent d’augmenter. « On a des interpellations de tous types. Une école avec de la négligence grave pour un enfant. On a aussi une augmentation de violence intra-familiale, de violence sexuelle. D’enfants qui dénoncent des choses. De mal-être dans la famille, de violences conjugales. Les problématiques ont augmenté de partout. Quand j’ai commencé il y a une dizaine d’années, on avait de temps en temps une situation très impressionnante, émotionnellement difficile à gérer. Maintenant, c’est monnaie courante », révèle Julie Dock, Conseillère Service d’Aide à la Jeunesse de Verviers.
Sauf que les SAJ manquent cruellement de moyens. Trouver des solutions pour protéger ces enfants âgés de 0 à 18 ans s’apparente à un vrai parcours du combattant. «On passe des heures de stress à trouver des solutions, à bricoler des solutions qui sont parfois très précaires, insiste la conseillère du SAJ de Verviers. A prendre beaucoup de responsabilités aussi parce que retirer un enfant de son milieu familial, il faut s’assurer qu’il sera bien là où on va le mettre. Pouvoir assurer des contacts avec les parents, ce qu’on n’a pas toujours les moyens de faire donc il y a un manque de service, de possibilité, de solution. Et donc, à un moment donné, cette augmentation de stress, de recherches fait que les équipes n’en peuvent plus. »
Burn out, turn over, en moins de 2 mois, le SAJ de Verviers a perdu 4 travailleurs alors qu’il lui en faudrait 10 de plus pour assurer ses missions correctement. Même constat au Service de Protection de la Jeunesse où là aussi, le désarroi est grand. « On travaille sur base d’un jugement, des jugements de placement que nous ne sommes pas capables de mettre en oeuvre, faute de place. On a des enfants qu’on met dans des centres d’accueil d’urgence et qui vont tourner de 20 jours en 20 jours et qui font comme ça le tour de plusieurs services voire des enfants qui sont en internat et qui ont besoin d’un autre accompagnement. On peine vraiment à trouver des solutions pour les enfants. On participe à une forme de maltraitance à ne pas leur trouver de solutions adaptées», regrette Sarah Hanot, Déléguée en chef au Service de Protection de la Jeunesse de Verviers.
Rien que sur Verviers, seules 32 places sont disponibles pour 800 dossiers. SAJ et SPJ demandent urgemment une réorganisation d’un système qui met en péril le bien-être d’enfants déjà abîmés par ce qu’ils vivent. Ce mouvement de grève pourrait d’ailleurs se prolonger si des réponses structurelles et financières peinent à se dégager.