Déclenchée voici une semaine à Charleroi, la grève se poursuit dans le secteur de l’Aide à la Jeunesse. Et elle fait tâche d’huile. Aujourd’hui, les 25 services de la Fédération Wallonie-Bruxelles se croisent les bras. A Verviers comme à Huy ou encore Liège, les revendications n’ont pas changé. A bout, les travailleurs réclament des moyens supplémentaires et surtout des places d’accueil pour protéger les enfants en situation de danger.
Audrey Degrange
7 jours qu’ils sont en grève. 7 jours qu’ils dénoncent leurs conditions de travail et surtout leur épuisement face à des situations de détresse qui ne cessent de se multiplier et pour lesquelles ils ne trouvent plus de solutions. Tout habillé de noir, le personnel des Services d’aide et de Protection à la jeunesse criait une nouvelle fois ce lundi, son désarroi. « Il y a réellement un sentiment de découragement, confie Julie Dock, Conseillère au Service d’Aide à la Jeunesse de Verviers. On ne sait pas trop vers où on va et on ne voit pas grand chose qui bouge. On a effectivement un stress grandissant car il ne faut pas qu’il y ait une catastrophe dans une famille. L’équipe clairement ne va pas bien mais c’est général. Aujourd’hui, on a aussi un sentiment où ça nous fait du bien car on se sent soutenu. Il ya du monde qui montre que le mal-être des équipes SAJ/SPJ, il est partagé avec tous nos partenaires, les équipes avec lesquelles on travaille.»
Une mobilisation et un soutien évidents pour ces travailleurs de la première ligne représentant des PMS, accueils d’urgence ou encore asbl en lutte contre les maltraitances infantiles. De plus en plus d’enfants osent leur confier leur souffrance et se retrouvent pourtant sans protection. « Quand je parle de protection, on n’est pas forcément dans une dynamique de placement institutionnel mais ça peut être aussi un passage par famille d’accueil, explique Aline Rigo, Psychologue SOS Enfants – Verviers. Le temps de prendre soin des parents et de faire un travail nécessaire et ça, ce sont des choses qui ne peuvent plus se faire dans le respect d’une temporalité entre l’évolution d’un enfant et celle d’un parent. Nous, ce qu’on demande, c’est un temps d’arrêt pour protéger l’enfant, le temps de travailler avec les parents et ça ce n’est plus possible, il n’y a plus de solutions qui font sens et donc les délégués du SAJ et SPJ, elles doivent réfléchir en terme de ce qui est possible ou non mais pas en terme de ce qui a du sens et qui peut protéger un enfant. »
Consciente d’un manque structurel de moyens dans le secteur, la ministre de l’Aide à la jeunesse, Valérie Glatigny vient de dégager un million d’euros pour 152 places supplémentaires. Et les négociations se poursuivent, cette après-midi encore, c’est le message venu délivrer Valérie Devis. «J’essaye de les rassurer comme je peux en expliquant les travaux qu’on mène, en essayant de les rendre transparents, en essayant de leur transmettre toutes les clés de lecture mais qui leur paraissent incompréhensibles, reconnaît l’Administratrice générale de l’Aide à la jeunesse. Pour eux, ce n’est pas possible de se dire qu’on est limité par un budget alors qu’ils ont une mission de service public et qu’ils n’arrivent pas à la remplir. »
Une incompréhension qui risque bien de transformer ce mouvement en une grève au finish préviennent déjà les travailleurs. La sécurité et le bien être des enfants n’ayant pas de prix.