Le flou artistique, c’est souvent ce qui règne autour des académies lorsque de nouvelles mesures sanitaires sont prises. Depuis le 3 décembre dernier, le Conservatoire de Verviers n’est plus autorisé à accueillir du public dans le cadre d’évaluation ou d’audition car il n’est pas repris sous la catégorie « Culture ». Une situation particulièrement frustrante tant pour les professeurs, que les élèves et leurs parents. D’autant plus que le Conservatoire dispose de deux salles de spectacles.
Audrey Degrange
170 personnes au total, c’est la capacité d’accueil des deux salles dont dispose le Conservatoire de Verviers. Problème, elles sont reconnues comme faisant partie de l’enseignement artistique et donc soumises aux circulaires édictées par le cabinet de la ministre de l’enseignement, Caroline Désir. Jusqu’au 7 mars, auditions et évaluations doivent donc se tenir à huis-clos. Une vraie déception pour la direction de l’établissement qui se retrouve une nouvelle fois face à des mesures qu’elle juge incohérentes. « Notre sentiment, c’est de ne pas toujours être pris au sérieux. Que les décisions sont un peu prises à la va-vite, explique Rachel Winthagen, Directrice adjointe du Conservatoire de Verviers. La circulaire est bien ciblée mais je pense que parfois des points ne sont pas revus et auraient pu l’être et ils auraient pu soulager nos professeurs qui souhaitent ardemment pouvoir réinviter les parents pour venir voir le travail de leurs enfants. »
Un souhait loin d’être anodin, maîtriser la scène, gérer son stress et avoir la joie de partager un moment important font partie de l’apprentissage de 1800 élèves qui fréquentent le conservatoire. « Que ce soit en danse, en musique ou en théâtre, ce qui est préparé en classe, à un moment donné, doit prendre forme sur scène pour un public, insiste la directrice adjointe. Cette apprentissage n’est pas facile à faire et quand on ne peut se produire que devant le professeur ou son camarade de classe, ce n’est pas la même chose que de jouer devant papa et maman qui sont dans le public. »
S’ils veulent donc se produire en public, élèves et professeurs n’ont pas d’autres choix que de se délocaliser vers un lieu culturel comme l’espace Duesberg ou les Temps mêlés, une situation considérée comme aberrante et peu pratique. « Le problème, c’est qu’on ne peut pas tout délocaliser et puis il faut aussi tenir compte de la programmation des lieux qui nous accueillent. Ensuite, c’est une location donc ce sont les parents qui doivent payer. »
Et quand on sait que plusieurs représentations et auditions peuvent avoir lieu tous les jours de la semaine, les coûts pourraient vite s’élever. En attendant, la frustration est grande. Et la date du prochain comité de concertation, incertaine.