C’est une information de nos confrères de la RTBF, une importante opération policière a lieu ce lundi matin dans différentes implantations de l’entreprise de transports et logistique Jost, notamment sur le site de Battice.
Les enquêteurs ont investi les différentes implantations de l’entreprise de transport Jost, dans le cadre d’une enquête pour une vaste fraude sociale. Le point central de l’action est en Wallonie, où Jost a beaucoup de filiales, mais aussi en Flandres, notamment en province d’Anvers.
A Herstal, dans le Zoning des Hauts-Sarts, une trentaine d’enquêteurs de la police étaient présents vers 6h pour des perquisitions et des contrôles. Ils ont réveillé plusieurs chauffeurs roumains qui dormaient dans leur camion immatriculés en Roumanie devant l’un des bâtiments de l’entreprise.
"Cette enquête particulièrement complexe a nécessité la coordination de différents services spécialisés. Elle a été menée par la police judiciaire fédérale de Liège sous la direction d’un magistrat instructeur spécialisé en matière financière de Liège et a nécessité des moyens d’investigation importants. Les différents services d’inspection (inspection des lois sociales, contrôle des lois sociales et service d’inspection de l’O.N.S.S.) ont également été associés à l’enquête. En Belgique, 80 policiers de la police judiciaire fédérale et 40 membres des divers services d’inspection ont été mobilisés afin de réaliser les différentes perquisitions et interpellations ordonnées par Monsieur le juge d’instruction.
Une vingtaine de perquisitions ont été effectuées en Belgique et à l’étranger, notamment à Stavelot, Jalhay, Stoumont, Chaudfontaine, Waimes, Herstal, Herve, Grâce-Hollogne, Nivelles, Sint-Katelijne-Waver, Antwerpen, Kontich, Zaventem, Ieper, Weiswampach (L). 4 personnes ont été interpellées et emmenées pour audition approfondie et le juge d’instruction décidera dans les heures à venir de leur maintien éventuel en détention.", a expliqué le Parquet fédéral.
Le parquet fédéral suspecte que l’entreprise ait fraudé des millions d’euros à la sécurité sociale entre 2014 et 2016. La société aurait travaillé via des intermédiaires en Roumanie et Slovaquie, avec des chauffeurs de ces pays qui exerçaient chez nous, pour échapper à ses obligations sociales. L’ampleur de la fraude est estimée à 55 millions d’euros. "Nous faisons actuellement l’objet de contrôles sur tous nos sites. Nous sommes accusés à tort de dumping social, comme beaucoup de sociétés de transport avant nous, en Belgique et au Luxembourg. Nous sommes parfaitement en ordre à tous les niveaux. Il s’agit donc d’une collaboration totale avec les autorités. Le travail est presté normalement et le service à nos clients est assuré à 100%.", a précisé ce matin, Véronique Hustin, responsable de la communication de l’entreprise.
Ce matin, le syndicat libéral CGSLB a tenu à réagir par voie de communiqué : "La CGSLB apprend ce lundi matin que le groupe JOST a été l’objet de perquisitions menées par le parquet fédéral en Belgique, en Slovaquie et en Roumanie visant à démontrer des manoeuvres d’évasion fiscale et de fraude sociale dans le groupe. L’utilisation des travailleurs détachés est une réalité dans le secteur du transport, mais nous sommes particulièrement attentifs à ce que cela se fasse dans le strict respect des législations nationales et européennes. Si l’enquête devait mettre en lumière des agissements frauduleux, il conviendrait évidemment de prendre toutes les mesures nécessaires pour y mettre fin. Nous attirons toutefois l’attention sur l’importance du groupe JOST et de ses sociétés installées en Belgique dans le secteur du transport. Nous demandons que toutes les mesures permettant d’assurer la continuité de l’entreprise, et de préserver l‘emploi.
Si le management du groupe était empêché d’assumer ses fonctions, nous demandons qu’une solution de mise sous tutelle judiciaire de l’entreprise puisse être envisagée dans l’intérêt des travailleurs."
De son côté, la CSC Transcom a également réagi : "(...)La CSC Transcom, qui réclame depuis longtemps un renforcement des contrôles tant le secteur est miné par le dumping social, se réjouit des opérations menées aujourd’hui. Et elle espère qu’elles vont se systématiser.
Faut-il rappeler que dans le transport routier belge, en une dizaine d’années à peine, près de 10.000 emplois ont été perdus mais pas pour tout le monde car les postes de travail n’ont pas disparu ! En fait, ils sont occupés par des chauffeurs venant de l’étranger, essentiellement de l’Est. Des chauffeurs souvent sous-payés qui dorment dans le camion, dans des baraquements ou dans des containers, qui ont beaucoup trop d’heures de conduite au compteur… Eh oui, au 21e siècle, cela arrive bien plus souvent que nous n’osons l’imaginer. Les victimes sont non seulement ces travailleurs mais également les chauffeurs belges, leur job étant en danger suite à ces fautes professionnelles. Les responsables ? Les entreprises qui font un bénéfice maximum via, entre autres, des sociétés « boîtes aux lettres». Elles contournent leurs obligations sociales et versent des salaires trop bas. Comme syndicat nous combattons cette concurrence déloyale, cette exploitation, cette forme d’esclavagisme moderne. (...)"