C’est un dossier épouvantable qui s’est ouvert devant le tribunal correctionnel de Verviers, qui a pris une audience entière pour l’examiner. Un réfugié syrien, âgé de 30 ans, domicilié à Verviers, y est poursuivi pour tentative d’assassinat et tortures diverses sur sa jeune femme, épousée en Syrie à l’âge de 15 ans et mère de leurs trois enfants. Il risque pour cela pas moins de 20 ans de prison.
Ce que l’on reproche à Mahmoud Alhasan, qui se trouve en Belgique depuis six ans, tient de l’effroyable : tentative d’assassinat, traitement inhumain et dégradant, torture, viol, séquestration, harcèlement, administration forcée de substances stupéfiantes (cocaïne) non seulement à sa femme mais à ses trois enfants, dont un bébé de 11 mois !
L’affaire débute par la découverte, le 13 avril 2022, du corps d’une jeune femme, inconsciente, sur un trottoir de la place de l’Abattoir, à Verviers. Son corps est horriblement mutilé, lacéré de multiples fois. Son pronostic vital est engagé, et ce n’est que par miracle qu’elle survivra après deux mois d’hôpital, dont un en soins intensifs ! C’est dire.
Le responsable de tout ça ? Son mari, Mahmoud, que les policiers trouveront dans l’appartement, dans un état de saleté avancé, avec trois enfants de 6,5 ans et 11 mois couverts d’excréments sur un matelas.
36 heures de calvaire
Devant le tribunal où il comparaît menottes aux mains, il a une version plus édulcorée que ça, tu meurs ! Quand il est rentré (à 5 heures du mat !), il a trouvé Fatima (prénom d’emprunt) ensanglantée, les poignets tailladés avec un cutter. L’aveu pour lui du soupçon, totalement faux d’ailleurs, qu’elle le trompait avec… son propre frère ! Alors, oui, il l’a frappée, alors qu’il était sous cocaïne. « Que 5 fois. Dans mon village, elle aurait été lapidée ». Ce qu’il ne dit pas, c’est que c’est avec un câble électrique dénudé, avec lequel il l’a fouettée sans mesure. Sans dire non plus qu’il lui avait dit la veille avant de partir qu’il la punirait ou plutôt qu’il la torturerait et qu’elle allait mourir mille fois , raison qui explique sa tentative de suicide. Et encore moins que cette séance faisait suite à 36 heures de calvaire et de sévices divers : rasage des cheveux, faire boire l’eau sale des toilettes, brûlures de cigarettes au vagin, introduction de tabac et même d’une tringle à rideau dans les parties intimes, faire lécher du solvant, administration forcée de cocaïne…
Châtiment coranique
Un dossier que Mme Herman qualifie de glaçant, la laissant sans voix, en employant des termes comme barbarie, atrocités, folie meurtrière. Il ne manque pas de culot quand il évoque un châtiment coranique, alors que lui consomme de la drogue et de l’alcool. La description des lésions subies par Fatima prend 4 pages, avec le diagnostic que le cumul des sévices ne pouvait que mener à la mort ! Son portrait psychologique est effrayant, au point que le risque de récidive est élevé. Quant à l’administration de drogue aux enfants, qu’il nie, elle est attestée par les enfants chez qui on a trouvé des traces dans les urines, et qui ont révélé qu’il avait dit qu’ils allaient tous mourir. Il n’a aucune circonstance atténuante, et c’est pourquoi elle réclame le maximum de la peine, soit 20 ans de prison, plus 10 ans de mise à disposition du tribunal d’application des peines. La défense de son côté ne peut que contester l’intention de tuer.
Une victime aussi
Mais le plus stupéfiant dans ce procès seront les déclarations de Fatima, prête à accepter les excuses présentées par son mari : « Au fond, lui aussi est une victime, parce qu’il a pris de la drogue. Avant ces faits, c’était une bonne personne. Je ne peux pas le laisser tomber. Certes, il a commis une grande faute pour laquelle il doit être puni, mais après je prendrai la décision de le reprendre. » Elle risque cependant de devoir attendre un moment pour ça.
Jugement dans un mois.
(Luc Brunclair)