Coup de théâtre ce matin au tribunal correctionnel où se déroulait le procès sur opposition d’un Spadois de 25 ans, Jonathan Devillet, condamné par défaut le 8 février dernier à 5 ans de prison ferme pour avoir inoculé sciemment le sida à deux jeunes filles de 16 ans, une troisième échappant par bonheur à la contamination. Son avocat Me Cochart a en effet réclamé son acquittement pur et simple.
Ses arguments ? En droit, il fait valoir que ce qu’on lui reproche, c’est d’avoir transmis volontairement une substance pouvant entraîner la mort ou une maladie incurable, en l’occurrence le sida. Or ce qu’il a transmis aux deux jeunes filles, c’est le virus VIH, et non le sida, qui est un stade avancé de la maladie. On peut être porteur du VIH sans être malade, comme lui d’ailleurs, qui est infecté depuis sa naissance. Dès lors, étant bien portant, il ne se sentait plus contaminant, et donc ce n’est pas volontairement qu’il leur a transmis le virus.
En outre, l’avocat avance que les deux jeunes filles étaient bien au courant de son affection, qu’il leur en avait parlé ainsi qu’à leur famille. Si elles disent le contraire, c’est par vengeance du fait d’avoir été infectées. L’une d’entre elles d’ailleurs a pu être infectée lors d’une tentative de suicide de Devillet, qui s’est tranché la gorge. Elle a alors tenté d’empêcher le sang de jaillir en portant ses mains dans son cou.
Bien entendu, les parties civiles comme le ministère public ont fermement combattu cette argumentation. Le virus VIH est la cause de la maladie appelée sida, qui peut provoquer la mort, et est encore actuellement incurable, même si des traitements peuvent en atténuer les effets. La révélation d’en être porteur n’est venue que bien après les premiers rapports, souvent non protégés. Et s’il ne leur a rien dit, c’est parce qu’il avait lui-même honte de la maladie et qu’il avait peur d’être rejeté. Il l’a fait consciemment, un comportement qualifié d’abject par le ministère public qui réclame une confirmation de la condamnation à 5 ans de prison.
Jugement dans un mois. (L.B.)