La scène qui déclenche l’inculpation de viols de Roger (prénom d’emprunt) sur celui que nous appellerons Bernard (51 ans) se déroule le 10 septembre 2019. Ce jour là, la sœur de Bernard, un handicapé profond à l’âge mental situé entre 10 et 15 ans et qui vit chez sa mère, aperçoit un homme agenouillé devant son frère nu qu’elle prend dans un premier temps pour un infirmier. Mais troublée quand même, elle revient quelques temps plus tard, et interroge son frère, lequel ne sait pas mentir. Avec des mots d’enfants, il décrit des scènes « qui le dégoûtaient et qu’il n’aimait pas », en clair des fellations réciproques avec Roger, un ami très proche de la famille, et donc des viols juridiquement parlant.
Mis sur la sellette, Roger reconnaît des attentats à la pudeur, mais pas les viols. Dans un premier temps, il affirme même que c’était Bernard qui faisait tout, et puis par après qu’il le faisait pour lui faire plaisir ! Mais pour la partie civile , jusque là, Bernard n’avait pas eu la moindre sexualité. Il éprouve un sentiment de honte et de culpabilité terrible, et en était arrivé à ne plus manger. Son entourage note qu’il a l’air souvent perturbé.
Pour Mme Herman, ministère public, il s’agit d’un dossier atroce, car Roger connaissait l’extrême vulnérabilité de Roger, incapable de prendre une décision et donc de donner son consentement. Elle réclamait 30 mois de prison ferme.
Pour sa défense, Me Haumont insiste sur l’état de santé précaire de Roger, absent à l’audience, celui étant atteint d’un cancer au poumon et est dans un état déplorable. En outre, il bénéficie actuellement d’un suivi psychologique.
Le tribunal, quoique estimant les viols non suffisamment établis, le condamne à une peine plus forte que celle réclamée mais néanmoins assortie d’un sursis pour le surplus de la préventive (L.B.)