C’est une affaire qui a fait beaucoup de foin dans le milieu politique spadois à l’époque des faits en 2020, et qui concerne l’échevin MR Wee Min Kuo, médecin de son état, et qui était accusé par une patiente d’avoir touché son sexe. Une affaire d’une toute relative gravité, qui avait pourtant incité le président du MR Georges-Louis Bouchez à exiger sa démission, ce que l’intéressé a toujours refusé en niant les faits. Et pour son avocat Me Paul Thomas, qui a réclamé son acquittement, une affaire plus que douteuse.
Le 28 février 2020, une dame âgée de 29 ans à l’époque et que nous appellerons Emilie dépose plainte contre un médecin, Wee Min Kuo, qui est par ailleurs échevin de la ville de Spa. Ce dernier avait été appelé à son domicile car sa petite fille souffrait d’un mal de dos. Dans sa plainte, Emilie déclare que deux jours auparavant, au moment de se quitter, le médecin lui aurait porté la main à son entrejambe, un geste qui aurait suffi à se sentir humiliée, salie, trahie, au point de la détruire. Mais que le médecin a toujours nié farouchement et conteste toujours devant le tribunal correctionnel où il est poursuivi pour atteinte à l’intégrité sexuelle d’une patiente.
Ce qui interpelle le tribunal, c’est qu’on entend sur un enregistrement réalisé par le compagnon d’Emilie venu lui demander des comptes le médecin dire d’emblée : « Je suis désolé, je m’excuse », une phrase que le prévenu ne peut guère expliquer.
« Et puis, quel serait l’intérêt d’Emilie de déclarer cela contre son médecin, qui était un ami de son mari décédé ? » s’interroge Mme Herman, ministère public, qui s’appuie en outre sur l’expertise qui établit que ses propos sont crédibles. Pour elle, il n’y a pas de doute, le geste a bel et bien été posé, un geste qui n’est pas anodin, même s’il est dû à un moment d’égarement et certes pas le fait d’un prédateur. Et de constater que la victime présentait tous les signes d’un traumatisme sexuel. Elle réclame une peine de 18 mois de prison, sans s’opposer à un sursis éventuel.
Une tentative d’extorsion de fonds
« Quel intérêt ? Il est tout trouvé ! » rétorque Me Paul Thomas, l’avocat de Wee Min Kuo. Et d’exposer qu’Emilie n’a déposé plainte que deux jours après les faits supposés et ne se porte d’ailleurs pas partie civile, ce qui est étrange pour quelqu’un qui se dit détruite. « Il faut savoir en outre, qu’un peu plus tard dans cette même journée, le compagnon d’Emilie a surgi au cabinet du médecin, le séquestrant plus de trois heures, le menaçant d’un flacon d’un produit indéterminé en exigeant 50.000 euros pour prix de sa vie, et qu’il est parti en emportant sa montre Rolex, des faits pour lesquels il a d’ailleurs été condamné ultérieurement. Sa plainte tardive ne serait qu’une tentative de justifier ce qui n’était qu’une tentative d’extorsion de fonds », explique l’avocat qui oppose une expertise qui juge les dénégations de son client comme fiables. « Vous n’avez pas grand-chose pour établir une certitude à l’encontre d’un homme parfaitement respectable, sans aucun antécédent, et qui a été lourdement condamné par avance par le bruit que cette affaire a produit, une affaire plus que douteuse ». Il réclame donc son acquittement.
« Depuis lors, je vis en apnée » déclare encore le prévenu, qui sera fixé sur son sort en janvier.
(LUC BRUNCLAIR)