La crise énergétique, qui succède à la crise sanitaire, à des effets étonnants et inexplicables auprès des acteurs des circuits courts, les producteurs de chez nous. En effet, alors que les prix dans les grandes surfaces augmentent constamment, les petits producteurs ont parfois du mal à conserver leur propre clientèle. C’est le signal d’alarme tiré par Terre d’Herbage, coopérative active pour soutenir les filières commerciales aux profits des producteurs locaux.
Parce que non, les circuits courts ne sont pas plus chers que dans les grandes surfaces, encore moins en ce moment où les grandes enseignes répercutent les coûts des énergies sur leurs produits. Les bons produits ne sont pas des produits de luxe inabordables.
« On a beaucoup communiqué autour de la qualité des produits, sains, mais aujourd’hui il faut préciser que les producteurs locaux vendent au prix juste. Souvent, et alors que la grande distribution répercute les coûts des énergies sur les produits, les producteurs locaux n’ont pas augmenté significativement leurs prix, étaient même souvent moins chers que dans les grands magasins », constate Tanguy Wera, échevin à Stoumont mais aussi administrateur de la coopérative Terre d’Herbage. « Alors que pendant la pandémie les client se sont tournés vers les circuits courts, ils semblent à présent considérer les produits locaux comme des produits de luxe donc forcément plus chers, alors que ce n’est pas du tout le cas. »
Nous avons d’ailleurs pu nous rendre aux Vergers du Wihot, sur les hauteurs de Trois-Ponts, où Guillaume Collas propose toute une gamme de légumes et fruits de saison. « Nous ne remarquons pas ici une baisse de fréquentation, même si de nombreux clients viennent moins souvent mais nous pouvons compter sur de nouveaux qui compensent les éventuelles pertes », peut se réjouir le jeune maraîcher bio qui vend sur site. « Nous faisons appel à Terre d’Herbage pour compléter notre offre, pour éviter aux clients de devoir faire plusieurs points de vente. Mais aujourd’hui, chez nous, nous sommes moins impactés par les augmentations des coûts des énergies et donc nos prix restent stables et concurrentiels. Ce qui ne veut pas dire que certaines exploitations, avec peut-être plus de mécanisation par exemple, ne devra pas subir aussi les effets de cette crise énergétique. »
Mais en attendant, en plus de créer du lien social en rendant visite aux producteurs locaux, sans parler de la qualité des produits cultivés, ce sont les mentalités envers la société de consommation que Terre d’Herbage veut voir évoluer. Pour le bien de tous, pour les portefeuilles mais aussi pour la santé. (O.T.)