Des bâches aux photos « choc » de vaches mutilées, c’est ce que la commune de Thimister-Clermont a disposé sur son territoire. Elle participe à la campagne de sensibilisation et de conscientisation « canettes » initiée par le secteur agricole. Chaque année, de trop nombreux animaux ingèrent des vidanges tranchantes et en meurent. Le fléau est réel, les agriculteurs veulent des solutions.
Audrey Degrange
« Les champs ne digèrent pas le métal, les vaches non plus », le constat semble logique et pourtant, l’abandon des petits déchets en bordure de prairies telles les canettes, bouteilles en plastique ou en verre ne cesse de se multiplier. Face à cet incivisme grandissant, la Fédération Wallonne de l’Agriculture a fait imprimer des bâches le long des routes pour conscientiser tout un chacun à cette problématique contre laquelle la commune de Thimister-Clermont a décidé, elle aussi, de se battre. « Malgré toutes les démarches de sensibilisation qui sont en cours depuis de nombreuses années, le problème reste très important pour le secteur agricole car, chaque année, ce sont près de 3000 animaux qui sont touchés par ce fléau. Dans le meilleur des cas, ils sont soignés rapidement, dans le pire, ils sont voués à une mort certaine », indique Christian Baguette, Echevin de l’Agriculture et de la Communication – Thimister-Clermont.
Car même s’ils sont vigilants lors du fauchage et que leurs équipements possèdent des détecteurs, les agriculteurs ne peuvent pas tout ramasser. « Une vache quand elle va brouter, s’il y a une canette, elle va la laisser passer, explique Christian Royen, agriculteur et vice-président Environnement Fédération wallonne de l’Agriculture. Mais quand on fait l’ensilage, ça passe dans la faneuse, dans la faucheuse, dans l’ensileuse ou dans la presse et ça se retrouve alors dans le fourrage. Quand elle se retrouve dans une presse à balle, c’est comprimé dans la vache le laisse dans la crèche mais lorsque c’est déchiqueté, c’est comme des lames de rasoir et ça peut causer pas mal de dégâts. »
S’il n’a heureusement perdu aucune de ses bêtes, Christian Royen a tout de même déjà se résoudre à se séparer de certaines de ses vaches. «A un moment donné, on voit une vache qui va très bien et du jour au lendemain, on a une grosse chute de production de lait. Elle fait de la température, le vétérinaire se rend vite compte que c’est dû à un corps étranger. Maintenant, ce n’est pas toujours dû à une canette, ça peut aussi être un fil de fer donc on lui insère un aimant dans l’estomac pour capter ce qui est métallique. Le problème de la canette, c’est que c’est de l’aluminium donc ça n’est pas pris et ça va continuer à voyager dans l’estomac. Ca peut alors sectionner un vaisseau et on a des gros problèmes», poursuit l’agriculteur.
Infection, hémorragie, décès, les conséquences peuvent être lourdes pour un geste que certains pensent anecdotique. L’idée d’une consigne sur les canettes est envisagée par les autorités mais est-ce vraiment une solution ? « ça peut aider mais il faut voir si les gens vont adhérer... Je pense que l’éducation via l’école serait une bonne piste car ce sont les jeunes qui peuvent montrer le bon exemple à leur parent. »
Des agriculteurs qui rappellent également que contrairement à ce que certains pensent leurs propriétés sont privées. Les respecter est plus que jamais une question de bien être animal.