La situation dévient préoccupante pour les coiffeurs. Ce week-end, un peu partout en Wallonie, ils ont manifesté leur désarroi en organisant une action de protestation pacifique. Ils sont sortis sur le devant de leur salon pour coiffer des membres de leur famille ou encore des mannequins. Leur objectif ? Dénoncer les mesures anticorona.
Audrey Degrange
Sandrine Bozard est coiffeuse depuis 19 ans. Voici, 3 ans et demi, elle reprenait ce salon à Theux. Loin d’imaginer qu’un jour, elle devrait descendre dans le rue pour qu’on la laisse travailler. Samedi, comme d’autres collègues, elle a donc sorti les sièges et protection pour montrer au gouvernement que ses clients ne risquaient rien chez elle. « J’ai la chance que mon mari est dans le bâtiment qui m’a aidée à mettre tout ca en palce. On a fait ce que le gouvernement nous a demandé et malgré ça, on doit rester fermé. Si on est tous fermé et un confinement total, il n’y a pas de souci. Je respecte. Je sais qu’il faut faire attention à nous et aux autres mais il faut que tout le monde soit solidaire et tout le monde respecte les règles aussi. Et là, pourquoi certains commerces peuvent ré-ouvrir et pas nous ?
Aujourd’hui, les sentiments se bousculent dans sa tête. Entre injustice, colère et déception. « On est à l’abandon, on l’impression qu’on nous laisse tomber. On a dit qu’on n’était pas essentiel au début et qu’on fermait mais nous le sommes aux yeux de beaucoup de personnes. Il y a des gens qui vont travailler qui ont besoin d’aller chez le coiffeur. Nous, c’est notre salaire, notre gagne pain et on est essentiel. »
L’abandon, c’est aussi ce que ressent Sandrine Bozard quand elle pense à ses clients. Elle qui met toujours un point d’honneur à les accueillir, les écouter et les coiffer comme il se doit. En ce mois de décembre d’ordinaire festif, elle a donc décidé de décorer sa vitrine. Elle s’adapte aussi car la trésorerie fond comme neige au soleil. « C’est pas avec ce qu’il nous donne qu’on va y arriver. Moi, j’essaye de faire des click and collect ainsi que des live pour essayer de vendre un maximum de produits. Je croyais rouvrir le 14 décembre et j’ai fait des commandes pour assumer les fêtes et donc là oui, c’est de nouveau un sentiment d’injustice, d’abandon car on nous met au courant en dernière minute.»
Une date de reprise claire, c’est ce que réclament les coiffeurs. Et il y a urgence, des nombreux clients traversent déjà les frontières pour aller se faire coiffer là où c’est ouvert. Le secteur réclame aussi l’augmentation des mesures de soutien à concurrence de 30% du chiffre d’affaires de l’an dernier à la même période histoire d’éviter d’autres drames.
