Tarik Moukrime: "Les sportifs de haut niveau ont besoin d'un minimum reconnaissance"

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C’était en mi-août dernier, le Verviétois Tarik Moukrime participait au championnat d’Europe à Munich. Il avait retrouvé le plus haut niveau de l’athlétisme après un long combat contre le cancer. Et il avait ému beaucoup de personnes lorsqu’il avait annoncé, les larmes aux yeux, qu’il devrait se résoudre à mettre un terme à sa carrière, après son élimination du 1500m, s’il n’avait pas plus de soutien à l’avenir.

Aujourd’hui, il écrit une lettre ouverte à la ministre des Sports, Valérie Glatigny, et aux instances du sport de haut niveau pour changer les choses, trouver des solutions pour mieux soutenir les athlètes demain. En voici un extrait:

"Avec le cœur lourd, je m’adresse à vous car je suis désemparé de voir comment notre service des
sports de haut niveau se comporte avec des sportifs en Fédération Wallonie-Bruxelles ou au niveau
national, de voir l’utopie de notre politique sportive, de voir nos sportifs lutter avec panache avec si peu
de moyens et parvenir encore à faire de très beaux résultats. Imaginez-vous, s’ils étaient soutenus et
conseillés avec considération, soutien financier et reconnaissance les exploits qu’ils pourraient
accomplir !
  
De par mon histoire, j’aimerais vous partager mes grandes frustrations d’athlète belge face à ce
que j’ai vécu ! 
 
Ancien sportif élite, je me suis battu huit ans face à un cancer pour revenir au plus haut niveau.
Je n’ai jamais baissé les bras et je n’ai jamais demandé d’aide car je suis de ceux qui désirent prouver les
choses avant de recevoir !


Huit années d’entrainements intensifs, d’échecs, de doutes, de souffrances, mais qui valaient la
peine d’être vécues pour participer à une grande compétition internationale ou européenne ! Ce
moment tant attendu où j’atteins le niveau de performance requis est arrivé : le championnat d’Europe
2022. Un sentiment de joie et de fierté d’à nouveau porter les couleurs de notre pays, la Belgique, qui va
vite se transformer en un sentiment de tristesse, d’amertume et de désespoir. A commencer par le
« manque de professionnalisme » de la fédération si je considère les éléments suivants : 

*Comment se fait-il que nous ne soyons avertis de notre sélection officielle que 7 jours avant le
début du championnat ? Comment se préparer convenablement dans de telles conditions ?
* Comment se fait-il qu’il nous soit demandé de nous rendre à Bruxelles pour récupérer nos tenues
3 jours avant le départ tout en sachant que nous avions besoin de concentration et de sérénité
avant un aussi grand événement ? 
*Comment se fait-il qu’à notre arrivée à Munich, aucun Team building ne fut organisé afin de
rencontrer les chefs de délégation ainsi que les membres du staff, et de savoir comment la
compétition allait se dérouler ? 
*Peut-on m’expliquer pourquoi M. Lefebvre, Président de la LBFA, n’est jamais venu à notre
rencontre ? 
 
De plus lors de mon arrivée à Munich, j’apprends avec étonnement qu’aucune aide ne me sera
octroyée si je ne parvenais pas à me hisser en finale (dixit le Coordinateur de haut niveau, Jonathan
Nsenga). Tous ces efforts herculéens ont été balayés par cette simple phrase. A cet instant, je me suis
senti seul, sans soutien, comme écarté du groupe. J’ai perdu cette flamme ardente qui se voit dans les
yeux d’un sportif prêt à tout pour sa nation comme ce fut le cas lors de ma première sélection à Zurich
en 2014. 
 
Après cette course subie de bout en bout, je me suis rendu compte que je faisais partie de ces
athlètes belges qui mettent fin à leur carrière à contre-cœur suite à l’indifférence de nos instances
sportives. Je me pose alors la question : se comportent elles ainsi avec tout le monde ? Si oui, que faire
pour changer les choses et améliorer les conditions de développement d’athlètes sportifs en Fédération
Wallonie-Bruxelles et en Belgique ?   
  
Pour l’heure, j’estime inadmissible de savoir que nous avons des athlètes qui se donnent corps et
âme afin de représenter leur pays à l’échelle internationale, sans un minimum d’aide du système sportif
belge.
 
Ces athlètes subissent des pressions psychologiques dues aux faits que les exigences mises en
place par leur fédération sont disproportionnées par rapport aux moyens mis à disposition
(infrastructure, aide financière, encadrement, suivi...) 
 
Il est certes plus simple de rester derrière un bureau tout en banalisant les résultats de nos
athlètes s’ils ne font pas de médailles et d’établir des tableaux de performances absurdes, plutôt que de
descendre sur les pistes au plus près de nos athlètes afin de les encourager, de connaître leurs véritables
besoins et de se rendre compte de la réalité du terrain !  
  
Par ce courrier, mon souhait en étant un passionné d’athlétisme est que l’ensemble des
personnes responsables de la politique sportive réagissent et prennent conscience de ce problème, afin
de rendre à mon sport et à ses athlètes, leurs lettres de noblesse et tout simplement leur dignité.
La tentation eût été forte de garder le silence ou de m’apitoyer sur mon sort, de subir les
événements, mais la volonté de progresser et de faire progresser a toujours été prédominante pour moi.
C’est cette volonté qui d’ailleurs m’a permis de dépasser les obstacles que j’ai eu à surmonter. Cette
même volonté que d’une façon générale, jusqu’au plus haut niveau, on gagnerait, notre pays gagnerait à
bien plus valoriser".

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