Augmentation du prix de l’énergie, diminution du pouvoir d’achat, de nombreux Belges sont aujourd’hui contraints d’adapter leurs dépenses et leurs comportements face à l’inflation. Une situation qui n’est pas sans répercussion dans l’Horeca qui doit, lui aussi, majorer ses additions. Après deux ans de crise sanitaire, le secteur peine à se réjouir.
Audrey Degrange
Ce mardi, c’est jour de marché à Spa. Et les allées ce matin sont plutôt clairsemées. Non pas que la pratique se perde, la raison est plutôt à aller chercher du côté des prix. Face à leur constante augmentation, les clients doivent faire des choix. Pour les camelots, c’est une nouvelle tuile, il faut encore une fois s’adapter. « Les viandes ont augmenté d’1euro50 sur une semaine, je vous laisse imaginer sur le mois, nous explique Jean-Luc Gilson qui vend des boulettes sur le marché. On a donc décidé de retirer une boulette du prix normal pour ne pas trop pénaliser les clients. C’est donc 6 pour 10euros au lieu de 7. Le sentiment est vraiment au ras-le-bol. On a eu les inondations, la crise sanitaire puis ceci, ça devient trop»
Plus loin, Muriel Rodo vend du fromage. Elle a aussi dû majorer ses prix « Les clients nous disent qu’ils ont de plus en plus difficile donc ce n’est pas évident, note-t-elle. Il faut vraiment que le gouvernement face quelque chose face à cette inflation. »
Augmenter les prix ou pas, c’est aussi le dilemme dans l’horeca. Dans cette brasserie où l’on sert jusqu’à 400 couverts par jour, des plats devenus trop chers ont disparu de la carte et des adaptations ont été faites. Même constat pour cet hôtelier restaurateur qui a vu ses factures d’énergie tripler en quelques mois. Idem pour ses matières premières. « Toutes les matières de base ont augmenté, confirme Laurent Dethier, Président Association Hôtelière Hautes Fagnes. La farine, le beurre, les oeufs, tout a pris 30%. Le prix de revient d’un plat a augmenté de 30%. Ça s’explique notamment par les coûts de production qui ont augmenté pour les fournisseurs, l’approvisionnement aussi. »
L’inflation est aussi historique. En ce mois de mai, elle a atteint son plus haut niveau depuis août 1982 passant de 8, 21% à 8, 97%. Les répercussions sont donc inévitables sur l’addition. Autre problème pour le secteur, la pénurie de main-d’oeuvre que l’explosion des coûts aggrave encore. « Notre personnel réfléchit évidemment lorsqu’il doit prendre sa voiture, les coût de déplacement sont plus importants, il doit faire des choix. »
A tel point que certains établissements décident de réduire leur service ou encore de fermer le dimanche. Les inquiétudes persistent donc encore dans l’Horeca alors que le secteur commençait justement à retrouver son niveau d’avant la crise sanitaire.