Comme chaque année, depuis le mois de février, Sébastien Finck sillonne la région et au-delà pour baguer les oiseaux au nid. Pour certaines espèces les naissances arrivent tôt dans l’année pour d’autres il faudra attendre le milieu de l’été.
Mais avant de baguer, il est indispensable d’avoir au préalable repéré les nouveaux nids, fait le tour des anciens et des nichoirs afin de savoir si ceux-ci sont occupés et c’est seulement après que l’on peut prévoir le baguage des oisillons et de leurs parents si ce n’est déjà fait. La passion que voue Sébastien aux oiseaux ne date pas d’hier et ne s’est jamais démentie.
"Moi, j’ai commencé à suivre mon père, j’avais trois ans. J’ai commencé à baguer quand j’ai eu l’âge de passer mon examen càd à 16 ans et puis mon second examen à l’âge de 18 ans. Il faut d’abord faire au minimum deux ans de stage, passer un premier examen. Si on réussit ce premier examen alors on peut baguer des oiseaux au nid. Et puis, on fait encore un stage de minimum deux ans. Ensuite, on peut passer à nouveau un examen et si on le réussit on peut baguer les oiseaux au filet. Donc, c’est minimum 4 ans mais il faut plus que quatre ans en général".
Mais décrocher le certificat délivré par l’Institut Royal des Sciences Naturelles n’est pas tout; faut-il encore savoir quand et comment manipuler les oiseaux sans les blesser ou les perturber. Apprendre à les reconnaître mais davantage encore à connaître leur mode de vie, de reproduction … Tout cela s’acquiert au fil des expériences et du temps.
"Moi ce que je fais, c’est récolter des données surtout. Ainsi, on peut voir l’évolution par rapport à il y a 20 ans d’ici ou il y a même 30 ans. On peut voir des changement de comportement. Des oiseaux qui nichent plus tôt. Les migrations sont décalées, c’est le changement climatique. Et tout cela, c’est sur le long terme et l’intérêt de baguer d’année en année et de suivre les mêmes populations, on a ainsi un large échantillon. Si on le fait sur deux ans, on ne sait pas tirer des conclusions mais si on le fait sur 30 ou 40 ans ou plus ...et bien là,on obtient des indications qui peuvent être affinées".
"Il y a des espèce qui se portent très très mal comme le moineau domestique, le rougequeu noir, l’étourneau sansonnet et, il y a des grands oiseaux qui se portent bien. Les corvidés (corneilles, choucas,...) et puis certains rapaces mais les petits oiseaux et les oiseaux des campagnes ça c’est la catastrophe… La linotte mélodieuse, l’alouette des champs, le bruant jaune, ces oiseaux-là sont vraiment en diminution. Il y a un oiseau qui était très commun, le moineau friquet et bien on en voit presque plus, pour ne pas dire qu’on en voit plus!".
L’ urbanisation, la destruction des habitats comme les forêts d’épicéas pour la chouette de Tengmalm ou encore des vieux vergers pour la Chevêche mais aussi l’utilisation de pesticides, tout cela contribue à la diminution voir la disparition de certaines espèces en revanche le faucon pélerin, le grand duc ou encore le milan royal se portent bien chez nous. Ceci dit l’équilibre reste fragile. La grippe aviaire ou les espèces invasives comme le raton laveur sont autant de menaces qui planent aujourd’hui sur nos populations d’oiseaux qu’ils soient grands ou petits. (Abi)