Harry Raven a 35 ans et exploite la Ferme du Mont des Brumes, à Exbomont, sur les hauteurs de Moulin du Ruy. Concentré sur le circuit court, il livre des boucheries, des restaurants, fournit une fromagerie et vend à la ferme les produits de son exploitation qui compte une centaine de vaches laitières et viandeuses (Jersey et Simmental). En plus de quelques moutons et poulets. Pourtant, comme tous ses collègues du secteur de l’agriculture, il souffre d’une situation qui semble inextricable. « On se bat pour nos valeurs, pour notre passion, c’est le message à faire passer auprès des consommateurs », nous confie-t-il. Parce que de la passion il faut en avoir pour supporter les exportations de produits moins chers venus du bout du monde, alors que les normes ici en Europe sont drastiques et contraignantes. « La qualité, chez nous, elle est là. Encore faut-il le faire savoir aux consommateurs. La classe moyenne souffre de la succession des crises, économique, l’invasion de l’Ukraine, etc. Les consommateurs se tournent vers des produits de moins bonne qualité, moins locaux. S’il faut se plier à d’autres contraintes, nous avons l’expertise, on le fera. Mais manger de la crasse comme ce qui arrive de l’étranger, là… On interpelle souvent les ministres de l’agriculture, mais il faudrait aussi interpeller les ministres de la Santé. »
Harry nous livre ainsi son témoignage, poignant, mais tellement lucide. Pour comprendre un peu mieux le quotidien d’un agriculteur, de chez nous, et comprendre pourquoi ils manifestent et durcissent le ton. Parce que c’est leur survie qui est en jeu. Simplement. (O.T.)