Un tout jeune homme de 20 ans était poursuivi devant le tribunal correctionnel pour détention et diffusion d’images pédopornographiques, ce qui devient hélas très courant au tribunal. Il risquait pour cela 15 mois de prison, peine réclamée par le ministère public. Mais le tribunal a reconnu sa sincérité face au problème, et aussi sa naïveté. Il lui a accordé la suspension du prononcé souhaitée par son avocat Me Barthelemy.
A 20 ans à peine, Jules (prénom d’emprunt) se voit traîné devant le tribunal correctionnel pour détention et diffusion d’images pédopornographiques, chose rare à son âge. D’autant plus qu’il a commencé dès l’âge de 16 ans. Mais il affirme qu’il n’était pas spécialement demandeur de ce genre d’images, qu’il a été piégé par d’autres sur Internet. Il s’en explique : « A l’époque, j’étais perdu, pris dans une situation familiale difficile, avec des parents qui se séparaient. J’ai cherché à m’évader en parlant à des inconnus. Puis petit à petit, ces bavardages ont glissé vers des sujets sexuels, et j’ai reçu au début des images adultes, et puis d’enfants de plus en plus jeunes. Je ne réfléchissais plus, je me suis laissé embarquer, j’enregistrais sans même regarder les images. Puis je me suis fait menacer si je n’envoyais pas des images à mon tour, en me disant qu’on savait qui il était et comment le retrouver. J’ai eu peur, et je me suis exécuté, j’avais honte si mon entourage l’apprenait. En réalité, j’étais devenu addict aux contacts avec des gens, mais pas aux images. »
Sincère et naïf ?
Le gars à l’air sincère, comme l’admet une expertise psychologique, qui souligne surtout sa très grande naïveté. « Mais quand même » rétorque Mme Herman, ministère public. « On a retrouvé 294 fichiers de photos, et 85 vidéos. Et il avait créé plusieurs profils fictifs, dont un très explicite sous le nom de « Lucy 12 ans sexe ». Il est clair qu’il cherchait du sexe, et les soi-disant menaces ne cherchent qu’à justifier ses actes. On ne devient en effet pas addict de conversations parlant de la pluie et du beau temps. L’expertise n’exclut pas une attirance pour les enfants, si même elle n’établit pas des tendances pédophiliques, mais un dysfonctionnement qu’il faut travailler. » C’est pourquoi elle préconise une peine de 15 mois de prison, assortie d’un sursis probatoire.
Un monde parallèle
Son avocat Me Barthélemy resitue les faits dans un contexte familial dramatique, violent et pas normal. « Il a en fait été victime de parents déchirés, entre un père pervers narcissique et une mère complètement cassée par ce dernier. Pour se sauver de ce mal être relationnel, il s’est alors inventé un monde parallèle dans lequel satisfaire son besoin de communiquer et se sentir important, tout en ayant honte de ce qu’il faisait. Pour son avenir, une condamnation serait dramatique, lui qui est pompier volontaire, travaille, a une compagne, et aspire à entrer à l’armée, où il a réussi les test de sous-officier ». Raison pour lesquelles il sollicite une suspension du prononcé.
Ce qu’il a obtenu, évidemment probatoire, c’est-à-dire avec des conditions de traitement à observer. (Luc Brunclair)