Au départ de cette affaire figure une femme, la compagne de Muya, un Congolais de 38 ans avec qui il a eu quatre enfants, mais qui le trompe de son propre aveu avec un compatriote que nous appellerons Chris. S’ensuit alors de tumultueux échanges de messages entre les deux hommes, durant lesquels Muya devient injurieux et carrément menaçant.
Et puis, un beau jour d’octobre 2020, les choses dégénèrent dans les locaux de la FGTB de Verviers. Muya raconte : « J’étais dans la file d’attente, quand Chris qui n’avait rien à foutre à la FGTB, est venu vers moi en me bousculant et en me provoquant, disant : si tu veux me planter, et bien plante-moi. Pour l’éloigner de moi, j’ai sorti un cutter et j’ai fait de grands gestes, et c’est bien involontairement que je l’ai blessé au bras, ce que je regrette. »
Les choses ne se sont pas déroulées exactement de la façon dont il les raconte, ainsi que le déclarent de nombreux témoins parmi lesquels la propre compagne de Muya. « Un énergumène a grillé toute la file d’attente pour exiger quelque chose. Il s’est fait remballer par la dame du guichet, qu’il a copieusement insultée. Un homme a alors pris la défense de la dame, mais les deux hommes se sont invectivés, puis le premier a sorti ce qui semblait être un couteau, et a porté plusieurs coups, dont l’un vers le ventre puis vers la gorge. Et c’est dans un mouvement de protection de sa gorge que l’autre homme a été blessé au bras, occasionnant une plaie profonde qui lui a sectionné un muscle.»
Ces deux hommes ne sont autres que Muya, l’agresseur et Chris, la victime. D’abord inculpé pour tentative de meurtre, ce n’est plus que pour coups et blessures volontaires que Muya est poursuivi devant le tribunal correctionnel, où il maintient sa version de coup involontaire. « Je n’ai pas voulu le blesser » répète-t-il. Pourtant, d’après Chris, il l’aurait menacé de le poignarder, ce qu’il a reconnu devant le juge d’instruction.
Pour M. Lelotte, ministère public, le coup porté l’est bien volontairement, à la gorge, et qui plus est avec préméditation, puisqu’il l’avait menacé préalablement, et ce jour là s’était muni d’un cutter soi-disant pour se défendre car il se sentait menacé. Il a ressassé son geste pendant plusieurs jours, s’échauffant l’un l’autre, jusqu’au jour où l’occasion s’est présentée. Il réclame donc une peine de 20 mois de prison.
Mais pour Me Hanquet, il ne peut y avoir de préméditation, puisque leur rencontre est fortuite, et que le coup porté l’est involontairement, en cherchant à éloigner celui qui le provoquait. Il n’a pas voulu les conséquences de son geste. Elle demande la suspension du prononcé.
Jugement dans un mois.
(Luc Brunclair)