La réfection des égouts suite aux inondations s’est invitée dans l’ordre du jour du conseil communal de Verviers ce lundi soir. Un point qui pourrait sembler anodin si ce n’est que le coût de cette réhabilitation pose souci aux autorités communales. Elles pensaient pouvoir compter intégralement sur le soutien financier de la Société Publique de Gestion de l’Eau (SPGE). Il n’en sera rien.
Audrey Degrange
Presque deux ans après les inondations de juillet 2021, la Ville de Verviers porte toujours les stigmates de cette catastrophe. La reconstruction est pourtant en cours mais n’avance pas aussi vite que souhaitée notamment en ce qui concerne la réfection des égouts des voiries inondées. En cause, la source de financement de ces futurs travaux. "Les gens sont très fâchés parce que les travaux n’ont pas encore commencé, explique Alexandre Loffet, Bourgmestre faisant fonction de Verviers. Ça fait un an que nous sommes dans un ping pong où on se renvoie la balle. D’abord, sur la prise en charge des études pour les égouts et puis surtout, pour la rénovation des égouts. Donc voila, pour les études, on va faire le deuil et on va les payer nous-mêmes puisque personne ne veut les financer. Mais je suis très clair, si on doit payer 7 millions d’euros pour refaire les égouts des voies sinistrées, nous n’attribuerons pas les travaux."
Car cet argent, la Ville ne l’a tout simplement pas. Et elle comptait sur l’appui financier de la Société Publique de Gestion de l’Eau qui s’engageait, dans un courrier envoyé par le Service Public de Wallonie le 31 août 2021, à prendre en charge la totalité des travaux des égouts endommagés par les inondations. Sauf que cette lettre est inconnue de la SPGE qui, elle a chiffré ses interventions sur base d’un audit structurel. "Si effectivement l’état structurel des égouts relevait des inondations, nous intervenons à 100%, assure François Gabriël, Vice-Président du Comité de Direction de la SPGE. 100% sur les travaux, les honoraires, les études, les assurances. C’est donc sur base de cet audit structurel qui a été réalisé que nous avons envoyé un courrier à l’administration communale pour dire quels étaient les montants prévus dans le cadre du PIC et ceux du post-flooding. De mémoire, je pense que c’était 2. 600 000 d’euros et 1 million d’euros."
Sur les 40 rues concernées, seules 8 seront donc remises en état par la SPGE. L’audit ayant démontré que les égouts des autres étaient tout simplement vétustes. Une explication qui ne passe pas du tout à Verviers. "Ça illustre vraiment de manière magnifique le fait qu’on nous trouve tout le temps des arguments pour ne pas aider financièrement Verviers. Ceci est un exemple type. Ces voiries sont sinistrées. Elles ont été démolies par les inondations et donc forcément, l’égout est lié à la réfection post-inondation, insiste Alexandre Loffet. Il y a quand même un enjeu de sécurité pour les riverains sinistrés. C’est un argument qu’on a beaucoup de mal à entendre, qu’on refuse et on demande qu’il y ait une prise de conscience de ce qu’on nous fait subir."
Entre incertitude et incompréhension, reste la question qui va payer ?
"Nous gérons les égouts sur base du contrat d’égouttage. Nous n’avons pas vocation à refaire l’intégralité du réseau routier, souligne François Gabriël. Il faudra voir du côté du Fonds de calamités ce qui pourrait être pris en charge."
"C’est un peu bizarre que la SPGE qui doit censée faire les égouts nous disent allez voir le Fonds de Calamités qui est purement lié aux inondations, ironise le Bourgmestre f.f. de Verviers. Ça illustre bien la situation compliquée dans laquelle se trouve Verviers et donc peu importe qui les prend en charge, il nous faut une confirmation, une décision que ces égouts qui sont dans des voiries sinistrées par les inondations vont nous être remboursés."
On semble donc dans l’impasse sur ce dossier dont la seule évidence est finalement que les sinistrés devront encore un peu plus patienter.