C’est un rituel immuable. Pour affronter les frimas de l’hiver, certains animaux comme les hérissons, les chauves souris ou encore les écureuils vont hiberner. Depuis plusieurs années, ce phénomène naturel a tendance à être, de plus en plus, perturbé par des températures bien trop douces pour la saison. Ce qui n’est pas sans risque et péril pour ces animaux. Exemple au Centre de Revalidation des Espèces Animales Vivant à l’état Sauvage de Thimister-Clermont, l’Hermitage.
Audrey Degrange
Dormir à poing fermé, dans un nid bien douillet et en pleine nature, c’est ce que devrait normalement faire ce hérisson. Une phase d’hibernation pendant laquelle il met sa vie entre parenthèse, l’hiver le privant de nourriture à portée de museau. « Ça veut dire que tout leur système est mis en veille, explique Laurence Strat, Soigneur animalier au CREAVES l’Hermitage à Thimister. Les températures corporelles peuvent descendre jusqu’à 5 degrés, la respiration et les battements du coeur sont quasi imperceptibles pour nous. On pourrait croire qu’ils sont morts mais en fait pas du tout. »
Le processus est vital pour l’animal qui peut ainsi se préserver lorsque les températures baissent radicalement. Problème, nos hivers deviennent beaucoup trop doux perturbant alors leur sommeil et les mettant de facto en péril.
« L’animal, pour se réveiller, va aller puiser dans ses réserves. Ce n’est pas un souci quand on arrive au printemps mais là, par exemple, la semaine prochaine, on annonce justement une chute des températures. Ça veut dire que les hérissons ont du aller puiser dans leur réserve de graisse brune et ils ne trouvent pas de nourriture pour le moment donc ils vont rentrer dans un amaigrissement important et c’est ça le danger, le fait de passer du chaud au froid n’est vraiment pas bon pour la faune sauvage. »
Si certains hérissons ont pu trouver refuge à l’Hermitage, d’autres doivent se débrouiller. Un petit coup de pouce alimentaire, comme souvent laissé aux oiseaux, pourrait les aider. « On peut mettre des croquettes pour chat, ça va très bien avec les besoins nutritionnels du hérisson mais il ne faut pas mettre n’importe lesquelles non plus. Evitez peut-être les croquettes bas de gamme car les hérissons sont sensibles au niveau des reins et si on donne régulièrement une mauvaise qualité de croquettes, ça pourrait faire des dégâts sur l’animal. »
Si vous trouvez un hérisson en détresse, l’idéal restera de le déposer dans un centre de revalidation comme celui de Thimister où il sera chouchouté par de véritables passionnés qui aujourd’hui lancent également un appel aux dons pour pouvoir continuer leur mission de sauvetage. « Même si c’est une passion, ça demande énormément de temps, d’énergie et d’investissements. Il y a aussi accueillir les gens qui viennent déposer les animaux. Il faut être à la fois secrétaire, femme d’ouvrage, vétérinaire, soigneur animalier. On a toutes les casquettes et il n’y a pas de salaire pour ça. C’est dommage parce que je sais que certains centres Creaves ont fermé à cause de ça. C’est compliqué de gérer un travail, cette passion là dans les centres plus une vie de famille, c’est du costaud », conclut Laurence Strat
Un service pourtant bien nécessaire. Depuis son ouverture en octobre 2021, le centre de Thimister a enregistré plus de 400 entrées dont une sur 5 était un hérisson.
Pour les contacter: ? 0494/35.80.83 ou asblhermitage@gmail.com