La 5ème édition de la Semaine sans écran au Pays de Herve aura lieu du 2 au 8 octobre prochain. 45 activités culturelles, réparties sur 8 communes, seront proposées comme alternatives à la télévision, aux tablettes et autres smartphones. L’idée est de recréer lien réel entre les citoyens trop souvent connectés dans un monde virtuel où les notions de vivre ensemble tendent à disparaître.
Audrey Degrange
Une semaine sans écran pour voir la vie autrement, c’est ce que proposent les acteurs culturels du Pays de Herve. L’initiative est née en 2014 et depuis, le monde n’a jamais été aussi connecté. Du virtuel dans lequel l’être humain ne s’est finalement jamais senti aussi seul. « Quotidiennement nous avons des personnes qui sont un peu désemparées par rapport au numérique, remarque Marie-France Arnold, Animatrice au Centre Hervien d’Animation Culturelle. Ça fausse vraiment et ça coupe toute relation humaine dans tous nos gestes quotidien et nous, nous percevons vraiment une perplexité par rapport à cette situation. Il y a un besoin de convivialité et de contacts humains réels. Revenir au réel c’est important. »
Pour retourner à la réalité et retrouver un semblant de vivre ensemble, les 8 communes du Pays de Herve sont associées et proposent une quarantaine d’activités. « Le public est invité à assister à des activités culturelles mais notre spécificité dans la semaine sans écran, c’est de créer des lieux, des espaces pour lui permettre d’être vraiment acteur de l’activité. Ça peut être acteur dans un espace liés aux jeux de société, beaucoup de communes mettent ça en place, ça peut être participer à un spectacle ou à une chorale», poursuit l’animatrice.
Susciter la réflexion, l’enjeu est aussi essentiel chez les jeunes. Delphine Simonis est professeur en secondaire au Collège Royal Marie-Thérèse à Herve, elle constate au quotidien l’addiction que peut par exemple, provoquer un simple téléphone. «Parfois, je discute avec les jeunes et je leur dis, vous savez, c’est un très chouette outil. Je ne veux pas le diaboliser non plus. On peut tout à fait vivre sans et il y a plein d’autres choses sympas à faire sans écran et je constate que pour eux, ce n’est absolument pas envisageable, raconte Delphine Simonis. Un jeune m’a dit, moi je préfère perdre mes clés ou mon portefeuille que d’arriver à l’école sans mon téléphone. Il m’est arrivé de confisquer une fois le téléphone parce que c’est la punition quand il est utilisé en classe et l’élève se met à pleurer. Un grand gaillard de 17 -18 ans se met à pleurer parce que je lui confisque son téléphone, là j’ai quand même l’impression qu’il y a un problème. »
Pour provoquer le débat, les écrits d’Eric Sadin, un des penseurs majeurs du monde numérique, sont actuellement analysés en classe. 200 jeunes auront l’occasion de le rencontrer durant cette semaine sans écran et de confronter leur expérience. « Comme c’est leur quotidien, comme ils sont nés dedans, ils ont l’impression qu’on critique leur vie et leur manière d’être au monde alors qu’ils sont l’impression qu’ils n’ont rien choisi, révèle l’enseignante. C’est là le côté pervers, c’est que ça leur est quasiment imposé d’avoir un téléphone, de travailler avec les écrans or, on les critique. C’est ça qui les bouscule et c’est là dessus qu’ils vont interroger Eric Sadin pour avoir un petit peu d’espoir. »
Eric Sadin sera présent à Herve le 2 octobre à 20H et inaugurera cette semaine dont le programme complet est à retrouver à l’adresse www.semainesansecran.be