Voici quasi six ans que l’ex-échevin des travaux Paul Mathy était menacé de poursuites judiciaires et d’un procès, qui vient finalement de s’ouvrir devant le tribunal correctionnel de Liège. Sous une qualification qui peut apparaître comme gravissime, surtout de la part d’un mandataire public : traite d’être humain, ce qui peut valoir jusqu’à 15 ans de prison !
L’affaire remonte à 2017, lorsqu’un SDF avait sollicité de pouvoir se réfugier dans les anciens Thermes, un bâtiment magnifique, propriété de la ville de Spa, alors quasiment à l’abandon. Il offrait en échange des petits travaux, comme le découpage de métaux, sans réclamer aucune rémunération. Sans méfiance, Paul Mathy a donné son acquiescement, y voyant l’intérêt pour la commune d’une présence permanente dans ces locaux prestigieux, évidemment une cible potentielle pour les malfrats.
Mais cette largesse lui est retombée sur le nez ! Suite à une plainte, le ministère public a estimé qu’il s’agissait manifestement d’une infraction aux lois du travail, qualifiée de la terrible prévention de traite d’êtres humains, rien que ça. Dans la mesure où l’échevin a proposé un logement dans des conditions insalubres contre un travail non rémunéré et dans des conditions dangereuses, hors de toute dignité humaine, en économisant ainsi pour la Ville une somme qu’il estime à 28.000 euros. Il réclame donc une peine de 18 mois de prison et une amende de 10.000 euros.
La défense, assurée par Me Culot, ne peut être d’accord avec ça. D’abord, ce n’est pas lui qui a proposé la chose au SDF, mais le contraire. On ne peut donc parler de traite. Et ensuite, cette décision a eu l’aval du directeur général de la commune, qui est le garant de la légalité des actes commis par le personnel communal, et qui n’avait émis aucune objection. En outre, Paul Mathy n’avait aucune conscience d’être sous une forme ou une autre dans l’illégalité. Elle demande donc son acquittement.
Jugement dans un mois. (L.B.)