C’est une affaire qualifiée au départ de tentative de meurtre d’une mère sur sa propre fille ! Mais qui s’avérera au cours de l’enquête n’être pas vraiment animée d’une intention homicide. N’empêche, la maman se trouvait en prison, et risquait 40 mois d’emprisonnement. Elle s’en tire avec une simple peine de probation, ou 15 mois de prison.
En août dernier, un coup de fil avertit la police qu’une femme cherche à écraser avec une voiture sa fille de 9 ans, à Andrimont. Très vite sur place, elle empêche ce qui semble être un drame, et arrête la femme dans ses supposées intentions. Il s’avérera au cours de l’enquête qui s’en suivra que telles n’étaient pas ses intentions, mais seulement de la bloquer dans sa tentative de rejoindre son père, dont elle est séparée depuis 2022.
Quelques temps plus tard, la dame âgée de 36 ans que nous appellerons Paula, est libérée, mais n’a rien de plus pressé que de s’enfuir avec la plus jeune de ses quatre enfants, semble-t-il avec l’intention de rejoindre son pays d’origine la Turquie, en abandonnant les deux autres, la fille ayant rejoint son père. Mais ce dernier, averti on ne sait trop comment, réussit à la rejoindre in extremis à la frontière allemande.
C’est toujours détenue que Paula a comparu devant le tribunal correctionnel non plus pour tentative de meurtre mais pour coups et blessures aux enfants et abandon de ceux-ci. Car on a relevé sur la fille de 9 ans, qui était proche de son père, des hématomes plus anciens. La fillette a d’ailleurs dit que sa mère la frappait souvent. Quant aux autres enfants, elle a elle-même avoué qu’il était rare qu’elle les frappe, ce qui ne veut pas dire jamais, selon le ministère public.
Devant le tribunal, visiblement sous le coup de médicaments, elle fait profil bas. « Je sais bien que je suis fautive. Je regrette énormément. Cela ne se reproduira plus jamais. J’étais épuisée. C’est une bonne leçon d’être en prison » avait-elle dit en évoquant la scène de la voiture. Par contre, elle se défendait d’être une mère qui bat ses enfants, juste une gifle donnée à sa fille parce qu’elle avait fugué. Quant à sa prétendue fuite à l’étranger, elle disait ne pas eu l’intention de quitter la Belgique, mais seulement de souffler un peu et de faire réagir le papa. Ce serait d’ailleurs elle qui lui aurait indiqué où elle se trouvait.
Une peine exagérée
Mais pour Mme Lanza, ministère public, les choses ne sont pas aussi simples. Lors de son arrestation, elle a déclaré aux policiers qu’elle éduquait ses enfants comme elle veut. Sa fille portait des traces de coups anciens. Et elle n’a pas hésité à abandonner deux de ses enfants à leur sort, sans avertir personne. Une scène qui a été très traumatisante pour les enfants. Elle réclamait donc une peine de 40 mois de prison, avec éventuellement un sursis probatoire, car il est évident que cette femme a besoin de soins, mais alors avec des conditions très strictes.
Une peine que son avocat Me Mallants estime exagérée, si l’on tient compte du fait que Paula a perdu pied lorsque son mari l’a abandonnée pour une fille de 22 ans, la laissant sans aide avec ses 4 enfants. On ne peut pas parler d’abandon d’enfants lorsque ceux-ci sont restés seuls à peine 25 minutes. Elle a maintenant fait le deuil de son mari. Il prône donc de lui laisser une chance de se reconstruire, sous forme de simple peine de probation, c’est-à-dire des conditions à suivre sans qu’une sanction ne soit prononcée.
C’est la voie qu’a suivie le tribunal, en la déclarant coupable de tout ce qu’on lui reproche, mais en ne lui infligeant qu’une peine de probation, ou si les conditions, notamment de traitement psychiatrique, ne sont pas suivies, de 15 mois de prison. (Luc Brunclair)