Audrey Degrange
C’est l’une des plus anciennes piscicultures de Malmedy, la société Mathonet - Gabriel est aujourd’hui en difficultés financières. Pourtant en juillet dernier, Olivier Mathonet était tout sourire. Grâce à son partenariat avec le seul éleveur de truite bio situé à Freux, il venait d’être récompensé à la Foire de Libramont pour son projet de truite fumée bio et belge. C’était alors une première dans le secteur mais surtout la reconnaissance d’un savoir-faire. « Le problème, c’est que 15 jours après, la sècheresse passait par là. L’éleveur a perdu 95% de son cheptel et c’est difficile pour lui d’avoir du poisson pour couvrir la demande. » explique Olivier Mathonet.
Une première tuile qui n’avait en rien freiné l’enthousiasme de notre aquaculteur, c’était sans compter sur la listeria. Une bactérie décelée en décembre dernier sur deux produits phares de la société, la truite fumée et sa mousse, qu’Olivier Mathonet préféra de lui même faire rappeler et détruire. « C’est une erreur de manipulation en interne. On avait une dose qui était indénombrable dans 25 grammes au laboratoire, précise le pisciculteur Sous microscope, on ne savait même pas dire combien il y en avait mais en toute transparence, on a préféré arrêter tout. » continue-t-il.
Une production de 3T perdue pour un préjudice de 100 000 euros.
L’éthique coûte aujourd’hui cher à la société qui se retrouve presque en faillite. « On est occupé à retrouver des solutions de refinancement, de recapitalisation mais on souhaite rester avec la même politique éthique commerciale et pas devenir comme certains m’ont proposé une poubelle à poissons potentiellement malades ou suspects. » s’insurge-t-il.
Reste qu’il faut valoriser ce produit du terroir mais aujourd’hui le secteur piscicole est moribond. S’il existait encore 120 piscicultures en Wallonie dans les années 80, il en reste à peine 25 en 2019, la situation est dramatique et les pisciculteurs se sentent abandonnés. « On a des contacts avec différentes administrations mais c’est tellement devenu un flou institutionnel que même si on n’est pas très nombreux, aujourd’hui c’est devenu une question de survie. On a besoin d’aide ! » conclut Olivier Mathonet. Car même s’il a encore des idées pour se relever, sans le soutien des consommateurs et des pouvoirs publics, la situation pourrait se compliquer.