Le 5 août 2016, lors d’un contrôle alcool sur la route de Soiron, à Xhendelesse, les policiers observent une voiture qui s’arrête au loin et fait demi-tour. Elle est immédiatement prise en chasse par Xavier, un motard. Après un moment de course poursuite, la voiture daigne enfin s’arrêter. Xavier laisse sa moto à une dizaine de mètres et s’approche prudemment, son arme braquée vers le sol et non chambrée. C’est à ce moment que la voiture fait une brusque marche arrière, Xavier l’évitant de peu, en allant percuter la moto. Puis elle repart en frôlant de nouveau Xavier, qui cette fois tire sur les flancs et dans les pneus, ce qui forcera la voiture à s’arrêter quelques dizaines de mètres plus loin.
A son bord, un drôle de personnage, Franko Pavlovic, 31 ans, un apatride originaire de l’ex Yougoslavie, en Belgique depuis 15 ans. La voiture qu’il conduisait, une Saab, est porteuse d’une fausse immatriculation, n’a pas de papiers en règle, et le conducteur pas de permis. Une spécialité pour Pavlovic, déjà condamné cinq fois pour ces motifs plus quatre fois pour des vols. Il a été blessé dans l’aventure, à la cuisse et au bras.
Le voilà donc, quasiment six ans après les faits, devant le tribunal correctionnel, où il sert une version abracadabrante de la scène. « Je venais montrer la voiture à un amateur. Je cherchais mon chemin, et m’apercevant que je m’étais trompé, j’ai fait demi tour. Je n’ai pas compris tout de suite que la police en avait après moi, puis je me suis arrêté spontanément. Le policier, assez nerveux, est venu à ma hauteur, l’arme braquée sur moi, et m’a ordonné de couper le contact. Mais pour ce faire, sur ce modèle de voiture, il faut enclencher la marche arrière. J’ai touché l’accélérateur et la voiture a fait un bond en arrière, touchant la moto garée juste derrière. C’est à ce moment qu’il a tiré, plusieurs fois. J’ai vraiment pensé que j’allais mourir, Alors, je me suis enfui… »
Le policier déclare par ailleurs qu’il a bien cru que le conducteur a voulu le tuer, par deux fois, et qu’il a tiré dans un réflexe de défense. « C’est la première fois, en 25 ans de métier, que je me servais de mon arme. »
La version de Pavlovic est estimée dénuée de toute crédibilité par M. Lelotte, ministère public,. « Il faudrait croire ce délinquant qui aurait été victime d’un policier violent alors que lui aurait obtempéré sagement aux injections ? » dit-il en réclamant un an de prison.
Jugement dans un mois. (L.B.)