Le jugement est tombé dans l’affaire concernant l’ex-échevin de Spa Paul Mathy poursuivi pour traite d’être humain, et il est lourd. Reconnu coupable, il a été condamné ce matin à 18 mois de prison avec sursis et 20 000 € d’amende. Effaré par cette sanction qu’il estime démesurée, Paul Mathy a d’ores et déjà décidé de faire appel.
Voici quasi six ans que l’ex-échevin des travaux Paul Mathy, âgé de 77 ans, était menacé de poursuites judiciaires et d’un procès, qui s’est finalement tenu devant le tribunal correctionnel de Liège. Sous une qualification qui peut apparaître comme gravissime, surtout de la part d’un mandataire public : traite d’être humain, ce qui peut valoir jusqu’à 15 ans de prison !
L’affaire remonte à 2017, lorsqu’un SDF avait sollicité de pouvoir se réfugier dans les anciens Thermes, un bâtiment magnifique, propriété de la ville de Spa, alors quasiment à l’abandon. Il offrait en échange des petits travaux, comme le découpage de métaux, sans réclamer aucune rémunération. Sans méfiance, Paul Mathy a donné son acquiescement, y voyant l’intérêt pour la commune d’une présence permanente dans ces locaux prestigieux, évidemment une cible potentielle pour les malfrats.
Mais cette largesse lui est retombée sur le nez ! Suite à une plainte, le ministère public a estimé qu’il s’agissait manifestement d’une infraction aux lois du travail, qualifiée de la terrible prévention de traite d’êtres humains, rien que ça. Dans la mesure où l’échevin a proposé un logement dans des conditions insalubres contre un travail non rémunéré et dans des conditions dangereuses, hors de toute dignité humaine, en économisant ainsi pour la Ville une somme qu’il estime à 28.000 €. Il réclamait donc une peine de 18 mois de prison et une amende de 10.000 €.
La défense, assurée par Me Culot, ne pouvait être d’accord avec ça. D’abord, ce n’est pas lui qui a proposé la chose au SDF, mais le contraire. On ne peut donc parler de traite. Et ensuite, cette décision a eu l’aval du directeur général de la commune, qui est le garant de la légalité des actes commis par le personnel communal, et qui n’avait émis aucune objection. En outre, Paul Mathy n’avait aucune conscience d’être sous une forme ou une autre dans l’illégalité. Elle demandait donc son acquittement.
En vain, puisque le tribunal l’a estimé coupable de cette prévention infamante et condamné à 18 mois de prison avec sursis et 20.000 € d’amende. L’homme est catastrophé par cette sentence, difficile à encaisser et qu’il ne peut accepter, lui qui a toujours travaillé dans le respect de ses employés. Il a donc décidé de d’ores et déjà faire appel de cette décision.
Ajoutons que deux ouvriers étaient également poursuivis, mais ont été eux acquittés. Ainsi que Joseph Houssa, l’ancien bourgmestre de Spa, mais qui est décédé entre-temps. (Luc Brunclair)