Le phénomène n’est pas neuf mais il tend à perdurer. Alors qu’ils sont en intervention, les pompiers et les ambulanciers sont victimes d’agressions physiques et verbales. Une situation qui a notamment dégénéré la nuit de la Saint Sylvestre à Bruxelles. Mais aussi à Verviers où un ambulancier de la zone Vesdre Hoëgne et Plateau est aujourd’hui en incapacité de travail.
Audrey Degrange
Une nuit festive, c’est ce que promet généralement le réveillon du nouvel an. Pour les services de secours, l’animation se traduit plutôt en intervention. Plus d’une centaine pour la zone Vesdre Hoëgne et Plateau dont 67 sorties rien que pour les ambulances. 24 heures agitées donc mais aussi chahutées pour les pompiers qui se sont une nouvelle retrouvés confrontés à de la violence urbaine. « Le 31 décembre, nous sommes intervenus pour plusieurs incendies et il y a eu des jets de pétards vers les pompiers, révèle Quentin Grégoire, Commandant des pompiers de la Zone Vesdre Hoëgne et Plateau. Heureusement, la police était là et s’occupait de la sécurisation mais les pompiers ne comprennent pas pourquoi ça arrive. Le 1er janvier, il y a eu une intervention ambulance et de nouveau, une agression verbale très violente avec menace de mort et où nous avons dû déposer plainte. C’est vraiment un problème qui perdure et qui malheureusement est un peu trop banalisé. »
En 2021, 7 plaintes pour agressions violentes ont été déposées par la zone. En 2022, seulement une. Un vrai paradoxe alors que le phénomène ne fait que s’amplifier. « D’une part on s’habitue malheureusement à cela et ce n’est pas normal, poursuit le commandant des pompiers. Et d’autre part, il y a malgré tout une une crainte. Quand on dépose plainte, c’est nominatif. On a déjà demandé de pouvoir déposer plainte avec un matricule pour ne pas être nommément cité parce qu’il y a une crainte de représailles. »
Les lenteurs judiciaires et les faibles peines alors que la tolérance 0 est d’application découragent aussi parfois les hommes du feu qui restent interdits devant de tels comportements alors que leur mission première est de venir en aide. « On n’est pas du tout dans le répressif, on intervient pour porter secours à la demande des gens, du citoyen. Il y a donc vraiment une incompréhension de cette violence de la société envers nous et aussi nos collègues qu’ils soient policiers, ambulanciers privés ou autre. C’est vraiment un sentiment d’injustice en fait. »
Et il n’est pas sans conséquence. Les pompiers en viennent aujourd’hui à se demander comment ils pourraient intervenir en toute sérénité et surtout sécurité. « En général, quand on intervient pour des agressions, la police est prévenue et on attend qu’elle intervienne. Si on est sur place et que ça dégénère, on doit reculer. Donc, le message est citoyen, il est clair. Si ça continue à s’intensifier, on mettra toujours plus de temps à intervenir car on devra attendre la police et donc en finalité, c’est le citoyen qui en pâtira. »
Et au commandant de la zone de rappeler qu’il y a toujours moyen de régler les problèmes autrement que par la violence et les insultes. Car si les séquelles physiques peuvent se guérir, le mental lui en prend un coup laissant de nombreux pompiers sur le carreau alors que leur métier est avant tout une vraie passion.