Le trafic de cocaïne dans le parc des Récollets à Verviers a fait la Une des médias locaux cette semaine. Dix personnes ont été arrêtées sur ce qu’on appelle "la colline du crack".
Le phénomène dépasse Verviers. De plus en plus de drogues sont saisies par les douaniers en Belgique. La hausse est constante. L’an passé, 110.000 kilos de cocaïne ont ainsi été saisis en Belgique. Un record. "Ce qui est saisi, sans vouloir être défaitiste, n’est qu’une petite partie de ce qui rentre dans notre pays et qui est consommé", explique Etienne Quertemont, professeur en Psychologies à l’Université de Liège, expert en assuétudes.
"Il y a une banalisation de la consommation de différentes substances, car il y a de nouvelles substances. Oui, il y a une forme de banalisation de la consommation, de la consommation qui n’entraîne pas nécessairement de problèmes chroniques, mais qui est rentrée dans les moeurs des soirées, des fêtes etc."
Un usage problématique
" Au niveau scientifique, on préfère parler d’un usage problématique ou pas. On peut faire un usage relativement doux d’une substance dangereuse, si vous ne la consommez que de manière très épisodique et très rarement, détaille Etienne Quertemont. Maintenant, il y a des substances qui, consommées régulièrement, sont plus dangereuses que d’autres. Par exemple, dans les substances les plus dangereuses, on retrouve la cocaïne, l’héroïne, l’alcool. L’alcool, même si c’est une drogue légale. Elle est cancérigène et peut faire des dommages à tous les organes de votre corps. Pas mal de gens ne se doutent pas qu’ils consomment là une substance particulièrement dangereuse pour leur santé".
40 % minimum de rechutes
"Il faut mêler la répression à d’autres stratégies comme la prévention par l’information, prévention par la réduction des risques pour en limiter les conséquences néfastes (distribution de seringues pour limiter les infections, des stands où on peut tester la substance qu’on vient d’acheter pour éviter qu’elle ne soit trop concentrée ou frelatée)".
Des traitements des personnes dépendantes existent aussi. Mais cette dépendance se soigne difficilement. Notamment pour toute une série de substances. On a des taux de rechute qui tourne autour de 40 % minimum.
Dépénaliser les drogues ou pas?
Selon le professeur en Psychologie, c’est une décision politique, car il faut choisir quels problèmes notre société est prêt à accepter.
Il y a des désavantages à la pénalisation des drogues :
* Le coût de la répression (enquête des policiers, emprisonner les personnes arrêtées...)
* Quand un produit est interdit, il n’y a pas de contrôle, il peut être dangereux pour le consommateur.
* On alimente économiquement toute une série de groupes criminels et de mafias.
Il y a aussi des désavantages à la légalisation :
* Potentiellement, on peut avoir davantage de consommateurs.
* De là, pourraient découler plus de problèmes de santé et plus de désinsertion sociale.
(Aurélie Michel)