Audrey Degrange
C’est une nouvelle fois la crise dans le monde agricole. En cause, la décision prise par la commission européenne de raboter les subsides proposés pour la Belgique dans le budget de la politique agricole commune prévu pour 2021-2027. Un manque à gagner de près de 450 millions d’euros qui inquiète déjà de nombreux agriculteurs wallons à l’image de Quentin Goffinet, agriculteur bio à Malmedy et administrateur de la Fugea
"Le problème, c’est la fréquence, les réformes qui nous viennent de l’Europe sont de plus en plus rapides. On annonce des grandes réformes tous les 5 ans avec souvent des modifications entre deux. Imaginez-vous la vitesse à laquelle on doit pouvoir s’adapter alors que sur nos exploitations, lorsque l’on fait des investissements importants, on peut être parti sur 20 ou 25 ans"
Une nouvelle tuile à gérer...
"On va surtout devoir être très prudent, gérer de façon encore plus drastique au niveau économique et essayer de, si on y arrive, se diversifier afin de pouvoir vendre une partie de notre production en direct afin de ne plus être autant dépendant de ces subventions"
Des primes, qui ont aussi un effet pervers puisqu’elles induisent, selon la Fugea, de la concurrence entre agriculteurs "C’est un système lié à l’hectare. En clair, plus un agriculteur a des hectares, plus il reçoit des primes. C’est donc une chasse éternelle à celui qui aura la plus grande surface pour avoir le plus grand revenu" explique Quentin Goffinet.
Vers plus de régulation...
Et c’est aussi là que le bât blesse, l’apparition d’exploitations démesurées éloignerait les consommateurs d’une alimentation de qualité et menacerait purement et simplement tout le modèle de l’agriculture familiale. Le syndicat agricole appelle dès lors l’Europe à plus de régulation " Tous les fermiers ne vont pas réussir à vendre leur production en direct. La façon d’avoir un prix correct pour la grande masse de la production, c’est donc bien la régulation"
Et le temps presse, chaque année, de nombreuses fermes disparaissent, la Fugea tire d’ailleurs la sonnette d’alarme " Dans 50 ans, il n’y aura plus de fermes en Wallonie"
En 2017, pas moins de 222 fermes ont cessé toute activité.