Un professeur de cuisine dans un école d’enseignement spécialisé était poursuivi devant le tribunal correctionnel pour des préventions qui apparaissent lourdes dans leur énoncé : proxénétisme, abus de faiblesse, harcèlement vis-à-vis d’un de ses élèves qualifié de vulnérable, mais qui recèlent en fait un seul élément répréhensible : avoir demandé à ce garçon une photo de lui nu, et de lui avoir payé pour cela une centaine d’euros.
Devant le tribunal, c’est tout à fait contrit qu’il avait tenté d’expliquer ce qu’il appelle un dérapage… inexplicable : « Pendant le confinement, on avait échangé des messages avec ce garçon car il était isolé, perdu, car abandonné par ses parents. Et puis ce soir où j’avais bu, il y a eu ce dérapage lorsque je lui demandé cette photo, je ne peux pas dire pourquoi. Ca ne m’était jamais arrivé, j’ai dû mal saisir quelque chose. Lorsque j’ai réalisé ça le lendemain, mon univers s’est effondré, toutes mes balises étaient tombées. J’étais comme un animal, je cherchais à sauver les meubles, c’est pour ça que je lui ai donné de l’argent, pour acheter son silence. »
Mais pour Mme Herman, ministère public, c’est plutôt pour obtenir la photo qu’il lui a donné de l’argent, ce qui en termes juridiques s’appelle du proxénétisme, et qu’il a abusé de la faiblesse d’un garçon dont il connaissait la fragilité. Et outre son statut de professeur, il est aussi membre du conseil de police de sa région. ! Elle avait réclamé 20 mois de prison et une interdiction professionnelle.
Un prof formidable
Mais son avocat Me Defrance contestait la qualification juridique du fait reproché, en posant la question de savoir s’il était pénalement répréhensible. En tout cas, il a déjà pris conscience de sa dérive, qui a eu des répercussions énormes dans sa vie puisqu’il est écarté de sa charge professorale depuis 3 ans avec le déclassement social qui en découle, alors qu’il est dépeint par tous comme un prof formidable. C’est pourquoi il sollicitait une suspension du prononcé.
Il a obtenu mieux encore : l’acquittement pour ce qui est des préventions de mœurs, et la suspension du prononcé pour la prévention de harcèlement. (Luc Brunclair)