A Goé, le lieu-dit "la Rochette" et sa "petite plage" font débat. Ce lieu bucolique, apprécié de tous, a complètement été dénaturé, par les inondations mais aussi par la création d’un long et large chemin, désormais emprunté par des voitures. Les riverains sont furax et ne comprennent pas. La commune de Limbourg, elle, assure que l’endroit sera remis en état dès que l’unique pont sera refait.
Une gerbe de fleurs déposée en mémoire du lieu-dit « La Rochette » à Goé. Par ce geste symbolique, ces amoureux de la nature veulent exprimer leur colère et leur tristesse. L’endroit, où ils venaient régulièrement se ressourcer, est complètement dénaturé.
Désormais, un long et large chemin en galets de la Vesdre remplace "la petite plage" de Goé, comme on l’appelle là-bas. Les arbres, les rochers, le petit sentier le long de l’eau, tout a disparu. A présent, on voit même des voitures circuler. Impensable...il y a encore de cela quelques mois. "C’est devenu une route, appellons un chat un chat", s’insurge Thomas, un riverain. "Moi ce que je crains le plus, c’est que ça reste définitif. Je ne vois pas en quoi c’est provisoire ce qu’ils viennent de faire avec du géotextile, des galets. Même s’ils enlèvent tout, il faudra vraiment une cinquantaine d’années avant que l’endroit redevienne un lieu naturel."
Si les inondations ont ravagé une bonne partie de l’endroit, le chemin, lui, a été créé dans l’urgence par la commune. L’unique pont, près de la salle des fêtes et du club de football de Goé, a été fortement endommagé. Il est impossible de passer dessus avec un véhicule. Comme solution, la Ville a élaboré un passage à gué...et ce fameux chemin pour desservir les quelques habitants. "L’épisode des inondations, c’est déjà une chose. Mais je ne comprends pas pourquoi on ne refait pas le pont et on investit à faire une route aussi large", réagit Thomas. Chriss, une riveraine, déplore, elle, le manque d’information : "Cela fait deux semaines que les travaux ont commencé, sans avertissement, sans panneau d’urbanisme, sans plus d’explications. On n’a rien eu à dire." "Qu’on ne vienne pas me dire que l’endroit sera remis en état comme avant. Il suffit de voir l’ampleur des travaux. Un peu d’informations avant de faire les travaux aurait certainement évité la polémique comme toujours", nous dit André, un autre riverain.
Pour la Ville de Limbourg, il n’y avait pas d’autre solution. Il fallait créer ce chemin pour une question de sécurité. "Le passage à gué est plutôt fait pour des véhicules agricoles ou engin de génie civil. On a rencontré le mois dernier plusieurs problèmes avec des véhicules normaux qui sont restés à l’arrêt dans le passage à gué. Or la priorité principale est la sécurité. Il faut que les pompiers, les ambulances, ... puissent arriver sur les bâtiments en cas d’urgence. On n’a pas eu d’autre choix que de créer ce chemin de 620 mètres avec du galet de Vesdre, je précise. C’est donc plutôt un chemin agricole qu’une voirie", explique Luc Delhez, échevin des travaux et de l’environnement de Limbourg.
Cet aménagement est provisoire. L’objectif est bien de restaurer le site à l’identique. "J’ai demandé à l’entrepreneur la remise en état du site. C’est pour ça d’ailleurs que les terres ne sont pas dégagées", assure Luc Delhez. Et de préciser : "Il faut aussi se rendre compte que quand on aura détruit le pont, les gens n’auront plus du tout d’accès...si on ne maintient pas ce chemin. Par ailleurs, on s’est également renseigné pour un pont provisoire mais ça coûte aussi cher qu’un nouveau! On s’est également renseigné auprès de l’armée mais celle-ci a refusé car c’est impossible d’obtenir un pont provisoire pour plusieurs mois."
Un tout nouveau pont permettrait donc de supprimer le chemin et de laisser ensuite la nature reprendre ses droits. Mais il faudra pour cela s’armer de patience. Ce sera au mieux d’ici fin 2023.
Renaud Collette