Le 23 mars 2022, une jeune femme se présente à la police en se disant menacée par deux hommes, en signalant au passage que ce sont des dealers de drogue. Suite à cette information, mis sous surveillance, la police observe qu’effectivement a lieu un incessant va et vient au domicile de N. M., 36 ans, rue de l’Abattoir à Verviers, ainsi qu’il fréquente une ASBL du centre ville, un nid à toxicomanes. Une perquisition permet de découvrir différents types de drogue, cannabis, cocaïne, ecstasy, ainsi que du matériel de confection de pacsons et même 32 cartouches de 7,65. Et trois téléphones, dont l’analyse révélera de très nombreux contacts avec des dealers ou des toxicomanes bien connus.
Arrêté, il est remis en liberté en février sous conditions, mais en avril, il est intercepté dans une voiture en compagnie de M.B., 42 ans. Sous un siège, on découvre 3 billes de cocaïne, et sous la voiture, un œuf Kinder Surprise dont la surprise n’est autre que 16 autres billes de cocaïne.
Un humaniste ?
Les deux hommes ont donc comparu, toujours détenu, devant le tribunal correctionnel. Où la défense de N.M. avait de quoi se faire tordre de rire le plus sérieux des entrepreneurs de pompes funèbres. « Je n’ai rien à voir avec la drogue, je n’ai jamais rien vendu. Je fais dans l’humanitaire, en hébergeant des gens en difficulté. Comme je suis souvent éloigné à Mons, Tournai ou Anvers où j’ai des enfants, je ne sais pas forcément ce qui se passe chez moi, et je ne fouille pas ma maison quand je rentre. Je n’ai pas vu qu’il y avait de l’ecstasy dans le frigo. Quant aux munitions, je ne sais même pas à quoi ça ressemble. La cocaïne dans la voiture ? Elle n’était pas à moi, mais à M.B. je suppose. Si j’avais su qu’il en avait, je ne lui aurais jamais permis de monter dans ma voiture. » Sans répéter qu’il avait auparavant accusé la police d’avoir mis la drogue elle-même !
De son côté, M.B., même s’il admettait avoir acheté de la drogue, affirmait n’en avoir jamais vendu. Avant de reconnaître que, en commandant pour d’autres, il prenait un bénéfice pour couvrir ses propres frais.
L’auberge du bon accueil
Une que la version de N.M. n’avait pas fait rire, c’est Mme Braun, au ministère public. « Monsieur se dépeint comme ayant le cœur sous la main, et que chez lui, c’était l’auberge du bon accueil. Où ne venaient que par hasard des consommateurs, et où on trouvait de la drogue sur la table. Et les munitions étaient cachées dans ses vêtements. » Elle réclamait 20 mois de prison pour N.M. et 2 ans pour M.B., en récidive légale.
Le tribunal n’a pas du tout cru en la version humaniste de N.M., rappelant que même la fourniture gratuite de drogue à quelqu’un, est punissable. Pourtant, la sanction est plus que modérée : un an de prison, avec sursis probatoire, même pour l’amende de 8.000 euros, et ceci pour les deux. Ce qui veut dire qu’ils sont libres dès ce jour. (Luc Brunclair)