Lorsque le 6 juillet 2016, on découvre dans un appartement de Malmedy le corps sans vie d’une femme d’une cinquantaine d’années, gisant à moitié nue sur le sol de la salle de bain, le visage tuméfié, on pense évidemment à un meurtre. Le locataire du lieu est arrêté, de même qu’un ami qui a passé la nuit avec lui.
Mais après plusieurs mois de détention préventive, ils sont libérés car l’autopsie a démontré que la dame était morte d’une overdose d’héroïne, et rien n’indiquait l’intervention d’un tiers. Toutefois, les deux compères ont été poursuivis devant le tribunal correctionnel de Verviers pour fourniture de drogue, avec circonstance aggravante d’avoir causé la mort d’autrui. Le premier a raconté qu’il avait rencontré la dame une semaine auparavant, et que depuis ils se "défonçaient" ensemble. Ce jour là, il est allé acheter de l’héroïne chez un fournisseur, héroïne que la femme s’injectait directement tandis que lui et son copain la fumaient. En soirée, elle est allée dans la salle de bain pour se faire une injection, tandis que lui s’est endormi. Ce n’est que le matin qu’ils ont découvert le corps sans vie gisant sur le sol.
Pour le ministère public, le simple fait d’avoir fourni la drogue et les seringues qui ont causé la mort de quelqu’un est un fait grave. Mais pour la défense, la victime est morte de sa propre faute, rien ne l’obligeait à se faire une injection mortelle. On a relevé dans son sang un taux élevé de stupéfiants. Le prévenu, âgé de 27 ans, a déjà été assez puni par dix mois de détention préventive. Elle demandait une mesure de probation autonome, c’est-à-dire des conditions à respecter sans qu’une peine de prison soit prononcée.
Mais le tribunal a estimé les faits assez graves pour condamner le jeune homme à 40 mois de prison, avec sursis probatoire. Le deuxième, qui était absent à l’audience, a écopé de 3 ans de prison ferme, avec ordonnance d’arrestation immédiate. (LB)