A 66 ans, Maria Froncione, de Spa, avait comparu détenue devant le tribunal correctionnel pour avoir abusé de la faiblesse d’un homme de 88 ans, Daniel. Devant le tribunal, elle niait cependant tout en bloc. « Le vieux monsieur passait devant chez moi quand je l’ai vu tomber et je suis sortie pour le relever. Je l’ai invité à boire un café. Il m’a raconté qu’il ne mangeait plus par peur d’être empoisonné par ses cousins. Je lui alors proposé de venir manger chez moi, ce qu’il a fini par faire tous les jours. Petit à petit, il s’est installé chez moi, dans une chambre séparée. Il m’a dit qu’il était amoureux de moi et qu’il voulait m’épouser. J’ai accepté une déclaration de cohabitation légale. Il m’a fait un mandat pour vendre sa maison, puisque je suis dans l’immobilier. Et j’ignorais qu’il avait fait un testament. »
Et tous ces prélèvements sur son compte, des retraits allant jusqu’à 2.000 à 2500 euros pour un total de 30.000 euros en quelques semaines ? « Il faisait ça tout seul. Je ne sais pas ce qu’il faisait avec son argent, mais je sais qu’il aime amasser et cacher son argent, jusque dans le jardin. En tout cas, je n’ai jamais eu un franc de lui. »
A sa charge, il y avait d’abord le casier judicaire de la dame, qui fait 5 pages avec des condamnations pour chèques sans provision, abus de confiance, vols qualifiés, prostitution et débauche, stupéfiants, pratique illégale du métier d’agent immobilier, association de malfaiteurs et on en passe. Et tout récemment encore, une condamnation pour traitements inhumains. Me Wynants, partie civile, se disait effaré par le récit de la prévenue qui se présente comme une bienfaitrice. « Alors que tout le monde savait depuis 2014 qu’il perdait la tête et devenait gaga, ce qu’établit plusieurs rapports médicaux. Il est évident que mon client était sous sa coupe ».
Même son de cloche chez Mme Troisfontaines, qui se disait impressionnée par l’aplomb dont fait preuve la prévenue en se prévalant de bonté d’âme, alors qu’elle a élaboré dès le début ce scénario pour dépouiller un homme vulnérable. Elle réclamait 2 ans de prison ferme.
Son avocat Me Van Nuffel avait réclamé son acquittement. Pour lui en effet, l’état de faiblesse de Daniel n’est pas fermement établi, car il y a des certificats médicaux qui établissent qu’il était capable de discernement et d’agir. Et rien ne permet de relier sa cliente aux retraits d’argent, dont on n’a jamais retrouvé la trace chez elle.
Mais le tribunal ne l’a pas suivi, déclarant la prévention bien établie, et la condamnant à 15 mois de prison ferme. (L.B.)