En matière de justice, les affaires familiales sont parfois les plus pénibles à suivre, tant les déchirements voire la haine qui se sont installés entre les différents clans sont intenses. Ainsi, un père de deux enfants, poursuivi devant le tribunal correctionnel pour non représentation d’enfants à leur mère depuis… 2018 ! Et pourtant, le ministère public a réclamé son acquittement, à la grande colère de l’autre clan familial !
Il y a d’un côté, Joseph, le père de deux enfants qu’il a eus avec Anne. Le couple s’est séparé en 2013, avec la garde principale des enfants confiée à la mère. Mais à partir d’août 2018, Joseph refuse catégoriquement de lui rendre les enfants. Poursuivi devant le tribunal correctionnel pour ce motif, Joseph s’en explique : « un jour, les enfants sont revenus en pleurant, disant que Anne les frappait, les enfermait dans le garage, et autres violences, qu’ils étaient également frappés par le nouveau compagnon de leur mère, avec qui ils en voyaient de toutes les couleurs. Ils se disaient terrorisés par leur grand-père et par leur beau-père, et qu’ils n’en voulaient plus de leur mère. Celle-ci prétendait que je les avais lobotomisés, alors que je ne les avais que deux jours par semaine et qu’en tant que psychologue de formation, elle connaît les techniques de manipulation. Moi, je n’ai fait que mon devoir de père en protégeant les enfants, et je pense avoir raison ».
De l’autre côté, il y a les parties civiles, qu’il faudra calmer à plusieurs reprises, Anne,la mère, les deux grands parents maternels, et un beau-frère. Ils se montrent particulièrement virulents à l’égard de Joseph, parlant d’aliénation parentale, se plaignant de menaces de mort, de harcèlement, d’escroqueries, de faux en écriture, tout en s’érigeant comme protecteur du droit des enfants. « Voilà des années qu’on n’a plus vu les enfants, devenus de grands adolescents » se plaint la grand-mère.
Une famille révoltée
Alors, Joseph était-il dans son droit comme il le pense en ne présentant les enfants à leur mère ? « Et bien oui », estime Mme Lanza, ministère public. « Il faut bien recadrer le débat juridiquement. Car il existe un jugement datant de novembre 2018 suspendant la mère de ses droits parentaux. Le délai entre août et novembre est trop court pour parler d’une non présentation d’enfants pénalement punissable, d’autant plus que c’était le temps de la procédure qui lui a donné raison » Et donc, elle réclame son acquittement pur et simple, du moins pour ce motif.
A la grande colère des parties civiles, qui espéraient sans doute à un réquisitoire sévère à l’égard de Joseph, et qui ont quitté derechef l’audience, visiblement révoltés par ce réquisitoire, la grand-mère provoquant même un esclandre en proférant notamment qu’il n’y a pas de justice !
Pour être complet, il faut toutefois signaler que le ministère public a retenu des menaces à l’égard d’un membre du S.P.J à qui Joseph a dit qu’il allait lui fracasser la tête. Pour ces menaces, il réclame un an de prison avec sursis.
Jugement fin septembre
(LUC BRUNCLAIR)