Devinez qui est la vraie vache à lait ? Ce message vous l’avez peut-être lu sur la route. Il s’agit de la nouvelle campagne de sensibilisation de la Fédération des Jeunes Agriculteurs qui par cet affichage entend dénoncer les dysfonctionnements au niveau de la chaîne agroalimentaire.
Audrey Degrange
Jérôme Bredo est producteur de lait à Sart-lez-Spa. En 2016, il décide de reprendre l’exploitation familiale. Dans un secteur en crise permanente, le pari est audacieux pour le jeune homme alors âgé de 23 ans. D’autant plus qu’il décide d’investir dans la construction de cette étable équipée de robots pour traire ses quelques 250 vaches. Si cet agriculteur de coeur a fait le pas de la reprise. Ils sont beaucoup à se poser des questions. Actuellement, à peine 6% des agriculteurs wallons sont âgés de moins de 35 ans, une situation qui n’est plus tenable. " Elle n’est plus tenable parce qu’on ne sait vers où on va, explique le jeune agriculteur. On ne peut pas dire à un jeune qui sort de l’école, vas-y reprends une ferme et ne pas pouvoir lui garantir combien de temps va durer sa carrière ni sur quelles bases."
Car si la motivation est là, les désillusions s’enchaînent. Entre l’orientation ultra-libérale de la Politique Agricole commune et la signature de traités commerciaux jugés déloyaux par la FJA, le quotidien est fait d’incompréhension. "Pourquoi est-ce toujours nos produits qui sont dévalorisés pour faire entrer des voitures? Ce n’est pas juste!"
D’autant plus que la qualité de l’agriculture belge n’est plus à démontrer. "Rien que sur le lait, nos échantillons sont contrôlés chez nous puis quand ils arrivent à la laiterie, détaille Jérôme Bredo. Nos viandes sont tracées. Tout est écrit et doit être envoyé directement, les veaux doivent être bouclés dans les 7 jours. Je ne vois pas ce qu’on pourrait faire mieux pour améliorer encore la qualité."
Les jeunes agriculteurs en ont donc marre d’être les dindons de la farce et de ne pas être considérés ni même rémunérés à leur juste valeur. Pour le faire savoir, des centaines de bâches aux slogans fleuris s’affichent sur les routes wallonnes pour interpeller le consommateur qui lui aussi serait préjudicié. 0,33 cent le litre de lait, c’est le prix aujourd’hui payé en conventionnel aux producteurs. Un prix bien loin de couvrir les coûts de production. "C’est correct par rapport à 2009 mais ce n’est pas encore assez pour assurer les investissements ou encore le bien être de nos bêtes. Et puis, comment comprendre que nous recevons 0,33 cent et que dans les magasins, le prix est le triple? Que reçoivent les intérmédiaires et pourquoi, c’est ce que nous aimerions savoir."
Et les jeunes agriculteurs sont déterminés à initier un changement significatif et à cesser de vendre leur production à perte. Si l’action est ici symbolique, elle pourrait se durcir si le déséquilibre au sein de la chaîne agroalimentaire persiste.