Les inondations de juillet dernier sont dues à plusieurs facteurs, dont avant tout des pluies intenses, pendant longtemps, et très localisées. Mais ce n’est pas tout. Il y a deux facteurs, environnementaux et urbanistiques qui ont aussi joué un rôle. « Ces deux facteurs ont eu un rôle, notamment dû au fait qu’il y a eu de l’artificialisation sur les versants et les plateaux du bassin versant de la Vesdre. Une artificialisation qui a tendance à accélérer la vitesse de l’eau et en particulier son transfert vers le fond de vallée », explique Jacques Teller, professeur d’urbanisme à l’ULiège, directeur de LEMA (Local Environment Management and Analysis) qui est une équipe de recherche en urbanisme et mobilité, et également directeur de la vaste étude du schéma stratégique pour le bassin versant de la Vesdre suite à ces inondations. Etudes dont le diagnostic a été présenté ces derniers jours auprès de la population dans les communes sinistrées de la vallée de la Vesdre.
« Le 2ème facteur urbanistique qui joue énormément c’est la construction à proximité directe des cours d’eau, ce qui est historique, avec des habitations inondées datant souvent avant les années 50. Au niveau environnemental, il y a tout le traitement donné dès le 19ème et début 20ème siècle, au niveau des politiques de boisements des tourbières sur le plateau fagnard, avec une conversion des forêts de feuillus vers des forêts d’épicéas qui sont drainées, ce qui accélère également la vitesse de l’eau. Un autre facteur qui a joué, certainement, c’est la réorganisation du tissu agricole et en particulier la disparition des haies dans la partie nord du bassin versant. »
En d’autres termes, les sols ne retenaient pas assez les eaux de pluie, qui se sont déversées en grande quantité, par effet de ruissèlement, dans les rivières comme la Hoëgne et la Vesdre. Sans parler des petits cours d’eau eux aussi débordants. Planter un arbre ou défricher une parcelle sur les hauteurs peut avoir des conséquences en cascade en aval.
« Malgré tout, en moins d’un an nous avons pu mener cette étude et établir le diagnostic, il y a déjà des marchés publics qui sont lancés pour réaménager le territoire. Il faut bien entendu œuvre à un niveau régional, et pas seulement par commune ou quartier, il faut une vue globale pour envisager le futur du bassin versant pour faire face aux inondations et aux défis que le changement climatique nous impose. Sachant que les pluies exceptionnelles de juillet dernier pourraient se reproduire rapidement, d’ici 2050. »