Pratiquement 5 ans après les faits reprochés, un jeune Verviétois de 19 ans à l’époque des faits, accusé de viol, était menacé d’une peine de six ans de prison. Mais en son absence à l’audience et donc sans avoir à se défendre, il est finalement acquitté au bénéfice du doute. Un jugement qui interpelle.
Le 18 novembre… 2018, une jeune femme que nous appellerons Clotilde se présente à un poste de police pour déposer plainte pour viol. Voici ce qu’elle raconte aux policiers : la veille, elle a passé la soirée chez elle en compagnie de son petit ami Younes, qui avait amené quatre de ses copains inconnus d’elle mais qu’elle avait acceptés. La soirée se déroule normalement, à discuter et à manger de la pizza, sans qu’il y ait consommation d’alcool ou de drogue. Un moment, Clotilde et Younes se retirent dans une chambre où ils ont une relation sexuelle. Lorsqu’ils reviennent en compagnie de leurs amis, il y a là un nouveau venu qui se présente sous le nom de Zakaria. Au cours de la soirée, ce dernier commence à tripoter Clotilde, ce qu’elle refuse de laisser faire. Ce qui n’empêche pas Zakaria de brutalement la saisir, de l’entraîner dans la chambre et de vouloir la pénétrer, ce qu’il fait à deux reprises tout en n’arrivant pas à ses fins tellement Clotilde se débat. Finalement, elle met tout le monde dehors en menaçant d’appeler la police.
Une réputation de liberté sexuelle
Quasi cinq ans plus tard ( !), cette affaire est appelée devant le tribunal correctionnel où Anouar (19 ans à l’époque), le vrai prénom de Zakaria, brille par son absence pour répondre de l’accusation de viol. Qui, pour le ministère public, parait évidente, en se basant sur les déclarations de deux témoins disant qu’ils avaient entendu Clotilde dire non à Akaria. Et de réclamer une peine de six ans de prison. En son absence, aucun avocat donc pour assurer sa défense, et évoquer l’existence d’un doute possible.
Ce qui n’a pas empêché le tribunal d’en avoir, des doutes, et d’acquitter Anouar purement et simplement. Un doute qui naît du fait qu’il n’est pas établi que Clotilde ait clairement et de manière intelligible fait valoir son non consentement, que ses déclarations ont varié au fil du temps, qu’elle ne présente aucune lésion ni trace de violence, et enfin qu’elle est réputée très libre sexuellement ! Un verdict qui interpelle toutefois sur la valeur du doute en justice, si l’on compare à d’autres affaires. (Luc Brunclair)