Valoriser sa production de lait à sa juste mesure, c’est l’objectif poursuivi depuis 20 ans maintenant par la coopérative Biomilk.be qui regroupe des producteurs laitiers bio issus de Flandres mais aussi de Wallonie. Dans notre région, cette vision d’une agriculture plus durable et familiale séduit, chaque année, de plus en plus d’agriculteurs qui décident alors de se convertir au bio et de rejoindre cette structure 100% belge.
Audrey Degrange
Ces agriculteurs viennent de Verviers, Herve, Moresnet ou encore Bullange. Depuis 3, 5 ou 25 ans, ils ont fait le choix de l’agriculture biologique, convaincus de ses bienfaits tant sur l’environnement que sur le bien-être animal. « La première surprise, ça été au niveau de la santé des bêtes. Alors que je n’étais pas quelqu’un qui faisait fort attention, j’en devenais gêné d’appeler le vétérinaire parce qu’il devait croire que j’en avais un autre mais tout allait mieux comme les pattes, se souvient Remi Hardy, Agriculteur à Moresnet. C’était beaucoup moins de soucis. »
« Moi, j’ai repris la ferme de mes parents qui étaient déjà en bio et ça me plaisait bien, enchaîne Bertrand Piedboeuf, agriculteur à Verviers. Donc c’est une continuité, les vaches qui peuvent pâturer le plus possible et produire lait de qualité, cela m’a toujours intéressé. »
Car dans le bio, c’est de mars à décembre que les vaches sont en prairie, essentiellement nourries à l’herbe. Résultat, le lait affiche une qualité grasse supérieure, riche en oméga 3 et une plus-value qui, contrairement aux idées reçues, ne coûte pas plus chère que le lait conventionnel. « Pour l’instant, le lait bio est au même prix que le conventionnel car on est moins dépendant de l’énergie, explique Luc Hollands, Président de la coopérative Biomilk.be. Que ce soit du soja qui vient du Brésil avec tous les transports que ça implique, que ce soit les engrais chimiques qui sont très énergivores ben finalement, on se rend compte qu’avec l’augmentation des prix, on a augmenté aussi mais dans une bien moindre mesure que le conventionnel. »
Si la filière bio grandit, il faut encore pouvoir la valoriser à sa juste mesure. Voici 20 ans, une poignée de producteurs laitiers s’associait pour reprendre la main sur leur production. Naissait alors la coopérative Biomilk. «Pour nous, il faut produire mieux. C’est la nuance que j’aimerais entendre du politique qui dit toujours qu’il faut produire moins de viande, moins de lait», pointe Luc Hollands. Non, il faut produire de la meilleure viande et du meilleur lait, ça veut dire du lait et de la viande qui viennent des prairies et qui n’ont aucun impact sur l’environnement.»
20 millions de litres de lait par an, c’est ce que produit cette coopérative indépendante qui compte aujourd’hui 54 éleveurs issus principalement du Pays de Herve et de l’Eifel. « Nous avons maintenant 25 clients différents qui veulent du lait bio. Ce sont beaucoup des fromagers. Notre client principal, c’est Delhaize qui a 18 produits signés par notre nom. »
Une reconnaissance unique en Belgique qui garantit surtout aux consommateurs une authenticité 100% belge et qui a convaincu ces agriculteurs de rejoindre le label, déçus du fonctionnement de plus grosses coopératives. «Moi, ce qui me dérangeait, c’est de ne pas savoir où allait mon lait ni en quoi il était transformé, explique Bertrand Piedboeuf. Un sentiment partagé par Patrick Archambeau, agriculteur bio à Grand-Rechain « Ce n’était que des contraintes, on nous en demandait toujours plus, il fallait tout justifier. Ici, c’est plus cool, la vie est plus agréable. » « Avec Biomilk, on reprend la main, on n’est plus bêtement un numéro parmi d’autres», conlut Remi Hardy.
Respect et écoute, assurément l’autre force de cette coopérative qui permet à ses membres de s’épanouir et d’investir dans un modèle de ferme viable, durable et familial.