L’Université de Liège et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique sont en charge du programme de renforcement des populations de tétras lyres dans les Hautes Fagnes. Le 6 mai dernier soit une semaine après l’arrivée chez nous de nouveaux tétras capturés en Suède, une vidéo exceptionnelle a été réalisée confortant les scientifiques dans l’idée qu’il est possible de rendre au plateau des Hautes Fagnes une population de tétras digne de ce nom!
Dylan Delvaux a 27 ans. Il est ingénieur biologiste et travaille à l’université de Liège. Depuis 2019, il est attaché au programme de renforcement des populations de tétras lyres dans les Hautes Fagnes, un programme lancé il y a 5 ans face à la menace imminente de disparition de l’espèce, une situation devenue particulièrement critique après l’incendie de 2011 comme nous l’explique Dylan Delvaux, attaché scientifique à l’Université de Liège :
"Le problème de cet incendie, c’est qu’il a eu lieu à une mauvaise période, à une période de reproduction et de nidification. On avait justement constaté l’année précédente une hausse de la population des tétras. On a cru que le tétras pouvait se réétablir de lui-même mais l’incendie a réduit nos espoirs à néant. Depuis cet incendie, la population de tétras n’a fait que décliner de plus belle. En 2017, on avait atteind un seuil critique. Il ne restait que 3 individus plus ou moins dans les Hautes Fagnes, et donc il était vraiment nécessaire de relâcher des individus rapidement au risque de voir la population s’éteindre."
En 2017, ce sont 10 oiseaux qui ont été capturés en Suède et relâchés chez nous. 2018 et 2019, on vu le nombre d’individus transloqués augmentés. En 2022, après deux années sans réintroduction à cause du Covid, ce sont 35 tétras, mâles et femelles, qui ont été ainsi déménagés. Mais face au réchauffement climatique, on peut se poser la question de savoir si le tétras a encore sa place chez nous et donc si ce programme de renforcement a du sens.
"En hiver, le tétras a besoin d’une bonne épaisseur de neige pour creuser des igloos et se protéger du froid, poursuit Dylan Delvaux. Il faut savoir que le tétras était également présent en Flandres au paravant, en région campinoise et anversoise; il y avait une belle population qui se stabilisait très très bien. Ici, dans les fagnes le tétras a besoin d’une bonne hauteur de neige mais il pourrait très bien s’adapter à une région où la neige est moins abondante et le climat plus doux".
On savait déjà que les poules venues de Suède pouvaient plusieurs semaines après leur arrivée donner naissance à des petits chez nous mais on ne disposait pas de données permettant de savoir si des accouplements pouvaient se dérouler sur le plateau peu de temps après cette translocation. Grâce à la technologie et l’utilisation d’une caméra de surveillance pilotée à distance , aujourd’hui on sait!
"Les tétras qu’on relâche certains sont munis de GPS et donc depuis la première année du programme, on avait déjà pu documenter que les tétras arrivaient à nicher dans les Hautes Fagnes et donc ça c’était déjà un résultat formidable. Ici, on a pu documenter un accouplement entre un tétras non bagué et donc né en Belgique et une femelle qui venait d’être transloquée de Suède, cer qui montre bien que les tétras arrivent très bien à s’adapter à leurs nouvelles conditions!"
Longtemps dans le doute, les scientifiques et autres responsables en charge du programme de renforcement des populations de tétras ont enfin la preuve concrète que ces opérations ne sont pas vaines. Cette année, 4 nichées ont été repérées, résultat : une vingtaine de petits tétras ont vu le jour aussi tous les espoirs restent de mise! (Abi)