Une grève de 48 heures a débuté sur le rail ce mardi soir. L’absence de concertation sociale et d’avancées majeures dans le cadre de réorganisations internes ont décidé la CGSP Cheminots et le SLFP Cheminots à débrayer. Il s’agit du deuxième mouvement mené par les syndicats ferroviaires en deux mois. Et il est plutôt bien suivi. Quasi aucun train n’est sorti du dépôt de Welkenraedt.
Audrey Degrange
Des trains à l’arrêt et une gare quasi déserte, le mouvement de grève débuté hier à 22h est plutôt bien suivi à Welkenraedt. Seul un IC vers Ostende circule toutes les heures ce mercredi. Le reste relève de la surprise. Certains usagers tentent leur chance. Vous saviez qu’il y avait grève aujourd’hui ? « Je le savais. La dame quand j’ai pris mon ticket en avance, elle me l’a dit mais elle ne m’a pas dit les heures.»
Vous saviez qu’il y avait grève ce matin ? « Oui, je le savais, j’ai regardé sur l’application. Et vous aurez quand même un train ? Oui, mais mon train roule partiellement je crois.»
C’est la deuxième fois en deux mois que le réseau est ainsi paralysé, faute de dialogue. « Les dernières concertations qui ont eu lieu se sont limitées à une direction qui arrive avec son point de vue, ses plans qui sont basés uniquement sur des objectifs financiers et de rentabilité et qui impose explique Laurent Baillot, Délégué syndical CGSP Cheminots – Liège – Verviers- Huy - Welkenraedt. On essaye de négocier, d’arranger, de trouver des solutions mais au bout d’un moment quand on est face à un mur qui ne veut rien entendre, qui ne veut plus discuter et qui ne veut plus négocier quoique ce soit, il n’y a plus d’autres choix que d’imposer un certain dialogue par les mouvements de grève et on le regrette évidemment. »
S’ils peuvent entendre que le secteur est concurrentiel, les cheminots refusent qu’il se fasse au détriment du service offert à la clientèle et surtout du personnel... en souffrance au quotidien sur le terrain. « On nous fait travailler avec du matériel qui est bien souvent obsolète et compliqué. On est confronté à la clientèle qui est de plus en plus agressive et de plus en plus nombreuse. Moi personnellement, je suis accompagnateurs de train et on est les derniers sur le front c’est-à-dire que les gares sont désertées et cela ne va pas s’améliorer, c’est de plus en plus difficile d’avoir du soutien dans les gares et les hausses de productivité font que c’est de plus en plus compliqué de faire son boulot », poursuit Laurent Baillot.
« On est déjà au maximum de la rentabilité, on ne saurait pas faire mieux. Dans le monde des roulants, conducteurs, accompagnateurs, les services sont vraiment à flux tendu. Les moyennes horaires augmentent donc non, on ne saurait supporter plus et puis, n’oublions pas qu’on a encore un reliquat de jours de repos et de compensations à récupérer qui sont toujours là et toujours pas réalisées », ajoute Thierry Coune, Secrétaire général - CGSP Cheminots.
Résultat 3500 trains sont supprimés chaque mois par manque de personnel. Et le métier est loin de séduire même si la SNCB a récemment engagé 1600 personnes cette année. « Elle engage mais il y a des départs, fait remarquer la CGSP Cheminots. Et on est face à un phénomène nouveau ces dernières années, ce sont des démissions en masse. Les gens ne veulent plus travailler au chemin de fer. Pour l’année 2023, on a eu 500 démissions depuis le début de l’année .»
Le malaise est donc profond et les actions risquent de se multiplier préviennent les syndicats si la direction n’accepte pas de se remettre rapidement et de manière constructive autour de la table.