Une initiative pour le moins originale avait lieu ce lundi soir à la Gleize sur le commune de Stoumont. Une balade nocturne organisée par le Parc Naturel des Sources pour discuter de l’éclairage public. Depuis jeudi dernier, les autorités communales ont en effet décidé de couper la lumière entre minuit et 5 heures du matin.
Audrey Degrange
675 lampadaires, c’est le nombre de points lumineux répartis sur les 108km2 du territoire stoumontois composé de 55 hameaux et villages. Depuis quelques jours, ils sont désormais éteints entre minuit et 5 heures du matin. Une extinction qui suscite des interrogations. Invitation était donc lancée aux Stoumontois pour échanger sur la question en faisant une petite randonnée de nuit. « Je m’adapte très vite à l’obscurité donc moi ça ne me gêne pas du tout qu’il n’y ait pas d’éclairage public », admet un citoyen. « Moi mon intérêt, c’était surtout environnemental parce que j’ai été sensibilisée par une campagne de Natagora il y a quelques années qui disait que « trop de lumière nuit » et j’habite aussi dans un coin particulièrement sauvage où j’essaye de mettre moins de lumière possible », révèle une autre habitante de la commune.
Diminuer la pollution lumineuse, l’ambition est réelle pour la commune, la mesure prise ne se veut donc pas juste économique. « Clairement, c’est une réflexion qu’on mène depuis quelques années, note Tanguy Wéra, Echevin de l’Environnement à Stoumont. Depuis, le moment où ORES nous a annoncé qu’on allait passer à l’éclairage led. A ce moment là, on a décidé de supprimer certains points d’éclairage en concertation avec la population. Ici, l’attention est focalisée sur les dépenses énergétiques même si Stoumont n’est pas directement concerné par des dépenses énormes car on a un parc d’éclairage réduit et du led, on se dit que pour les aspects biodiversité, environnement, c’est intéressant d’aller un pas plus loin en éteignant. »
Et quand on sait que 150 insectes meurent en saison chaque jour sous chaque lumière existante, une plongée dans le noir, c’est un vrai sauvetage pour certaines espèces. « Il faut savoir qu’il y a toute une série d’espèces qui sont adaptées à la nuit, explique Helène Fauveaux, Chargée de mission aménagement du territoire – Parc naturel des Sources. Ça fait des milliards d’années qu’elles s’adaptent pour chasser, pour se reproduire. Elles se déplacent dans la nuit grâce aux étoiles, perdre leur visibilité impacte donc ces espèces. Pour celles qui se reproduisent grâce à la lumière comme les lucioles, il y a une chute car le mâle se détourne de la femelle pour aller vers les lampadaires. La pollution lumineuse est la deuxième source de diminution des insectes après l’usage de pesticides. »
Collectivement et individuellement, notre rapport à l’éclairage doit donc évoluer et ce, même s’il peut susciter des craintes en terme de sécurité ou de criminalité. « Il faut savoir que la plupart des cambriolages se commettent en journée donc effectivement ça peut être rassurant de savoir qu’il y en a moins la nuit, le critère principal étant la présence ou l’absence d’occupants de la maison », rassure Jean-Philippe Louis, Chef de service de la Maison de police de Stoumont.
Reste la question de la sécurité routière où là un éclairage suffisant est plus essentiel. On réfléchira alors à mieux l’orienter pour engendrer moins de nuisances. Bref, trouver l’équilibre prendra du temps mais Stoumont a comme exemple les communes de Waimes et Bütgenbach où cela fait déjà 10 ans qu’on a la tête tournée vers les étoiles.