Sur 12.000 habitants, Malmedy compte environs 600 Belges d'origine turque et une cinquantaine de nationalité turque. Ce qui en fait la commune wallonne où, proportionnellement, ils sont le plus nombreux.
Beaucoup suivent de près l'actualité en Turquie. Et notamment la manifestation à Bruxelles ce 17 novembre. Des représentants du parti d’opposition pro-kurde, les groupes alévis, arméniens et assyriens ont dénoncé dans les rues bruxelloises la politique dictatoriale du président turc Erdogan et la faible réaction de l'Union européenne.
Enseignant, Djuma Kaynak explique avoir fui son pays voilà 43 ans après avoir été torturé pour avoir fait grève. Il estime la répression aujourd'hui pire qu'autrefois. Depuis le coup d'état avorté de la mi-juillet, 30.000 enseignants ont été suspendus ou limogés par le régime Erdogan.
"Maintenant, c'est incroyable. Il n'y a plus de place dans les prisons. 214.000 personnes ont été enfermées. Et ils ont parlé de créer de nouvelles prisons", soutient Cuma Kaynak.
"Soit on est anti-Erdogan, soit on est pro"
Mais tous les Malmédiens d'origines turques ne partagent pas cet avis.
"Il y a très peu de nuances. Il y a vraiment les anti-Erdogan et les pro-Erdogan. Donc lorsqu'on discute avec des personnes, on va vraiment avoir des réactions non-nuancées. C'est soit blanc, soit c'est noir. Il y a très peu de places aux gris", souligne Hanife Catalkaya, Malmédienne d'origine turque.
Les « pro-Erdogan » que nous avons rencontrés, ont tous refusés de s'exprimer par peur de représailles. Hors micro, ils critiquent le parti pris des médias occidentaux et mettent en avant le redressement économique du pays opéré par Erdogan.
« Quand il est arrivé comme maire d'Istanbul, il n'y avait pas d'eau potable à Istanbul. Un de ses premiers grands chantiers a été d'installer l'eau potable et développer les transports en commun, explique Hanife Catalkaya. La plupart des gens disent qu'il y a un avant Erdogan et un après. Malheureusement, c'est d'abord ça que les gens retiennent, c'est comment c'était avant et comme c'est maintenant".
Si la politique d'Erdogan divise la communauté turque malmédienne, ses partisans et ses opposants continuent de s'y cotôyer sans heurts. Comme ici, à l'association Couleur café.
(A.M.)