A Baelen, la société suisse Cold Water compte toujours bien implanter un élevage de saumons dans le parc industriel. Pour cela, elle compte réaliser des forages-tests dans la nappe phréatique. La commune de Baelen a dit non. Cold-Water a introduit un recours auprès de Céline Tellier, la ministre wallonne de l’environnement. Ce matin, ce sont les opposants au projet, le collectif "Hot Water", avec plus de 5000 signataires d’une pétition contre le projet, qui ont remis un coup de pression. Cold Water contre Hot Water, ou l’histoire concrète d’enjeux sociétaux.
Des vaches, oui. Des saumons, non ! Le projet d’élevage de saumons dans le parc industriel de Baelen voit, au fil des mois, ses opposants de plus en plus nombreux. Ils sont plus de 5 088 à avoir signé une pétition. Le but : empêcher des sondages et prélèvements dans la nappe phréatique, qui serait, pour eux, dommageables et ne seraient en fait qu’une exploration pour la future mise en œuvre du projet. La commune de Baelen a marqué son désaccord sur ces forages-tests. La société suisse Cold-Water a déposé un recours auprès de la Ministre de la Région wallonne Céline Tellier. Petit point sur la procédure, d’abord. " La commune de Baelen a refusé le permis. Le futur potentiel exploitant a pris son recours comme il en a le droit auprès de la Ministre Tellier. Nous avons écrit de façon circonstanciée à la Ministre pour lui dire que les 5500 personnes que je représente ne souhaitent pas ce type de projet non durable ", explique l’avocat Alain Lebrun.
Danger d’épuisement de la nappe phréatique
Sur le fond, entre autres, les opposants mettent en garde sur une utilisation effrénée des eaux souterraines. Le projet consommerait annuellement la même quantité d’eau que la ville d’Eupen. Epuiser la nappe phréatique, c’est prendre le risque d’affaissements de terrains, de non-alimentation des rivières en cas de sécheresse ou encore de ne plus fournir en eau forêts et végétaux qui vont y puiser. Le réchauffement climatique est là : on voit sur cette carte , en rouge, les zones européennes en déficit hydraulique en 2020. Notre région y figure. " En raison du réchauffement climatique, les ressources d’eau de surface qui sont également utilisées pour l’eau potable risquent de diminuer. Des climatologues estiment que d’ici la fin du siècle, les fagnes pourraient être asséchées. S’il y a une diminution de cette eau de surface, pour pouvoir assurer l’accès à l’eau potable ou pour faire des cultures, il va falloir aller chercher de l’eau dans les nappes phréatiques. Elles constituent donc un enjeu majeur à l’avenir ", explique Benoît Post, opposant au projet.
A Ostende oui peut-être, pas ici !
A cela s’ajoute, pour les pétitionnaires, un modèle d’exploitation qui ne convient pas : élevage intensif d’animaux sauvages en lieu confiné, eau trop chaude, salinité à surveiller, bref un projet artificiel qui ne correspond pas à l’adn de notre région. " Le saumon est une belle espèce sauvage qui aime les eaux froides. Que l’on veuille implanter de tels projets à Ostende est déjà plus raisonnable. Mais ici, ça défie le bon sens ", ajoute encore l’avocat Lebrun.
Les opposants au projet s’inscrivent dans une démarche plus large : on prévoit en Europe de quintupler la production de saumons dans les prochaines années. La décision de la ministre, qui devrait intervenir autour d’octobre , sera scrutée au-delà de nos frontières. Une Ministre qu’ils entendent mettre devant ses responsabilités. Alain Lebrun le souligne : elle est maître de la décision : si les forages-tests avaient lieu, c’est elle qui l’aurait décidé. Pression maximale donc. Et affaire à suivre. (Urbain Ortmans)