Les inondations qui ont ravagé notre région mi-juillet risquent de se réitérer d’ici 10 à 20 ans. Le modèle d’un climatologue de l’université de Liège, Xavier Fettweis, le suggère. Ce modèle avait aussi prévu les inondations plusieurs jours à l’avance. Le chercheur présentait ce jeudi ses observations à la Commission d’enquête parlementaire sur les inondations.
Des kilomètres de rues ravagées, des maisons dévastées par les flots... Le changement climatique a augmenté l’intensité des pluies extrêmes des inondations de la mi-juillet. C’est la conclusion de 39 chercheurs. Depuis plus de 30 ans, le groupe de climatologues rassemblés au sein du GIEC donne l’alerte. Ces phénomènes extrêmes vont se multiplier avec le réchauffement climatique. Leurs modèles le prédisent. Ces modèles sont imaginés à l’échelle de la terre complète, à 100km de résolution. Xavier Fettweis, climatologue à l’Université de Liège, a adapté celui-ci à la Belgique, ce qui permet d’avoir une analyse beaucoup plus fine. Son modèle prédisait les inondations du mercredi 14 juillet dès le week-end précédent.
Mais ce modèle régional permet aussi d’effectuer des projections futures, de dire "si" et "quand" de tels événements peuvent se reproduire. Et là, ses conclusions sont assez pessimistes... D’ici 10 à 20 ans, il suggère le retour d’inondations comme on vient de les connaître. Voire pire...
"Cela pourrait être pire à l’avenir effectivement car il faut savoir que lorsqu’on gagne un degré de réchauffement, l’atmosphère peut contenir 7 degrés d’humidité en plus donc cela veut dire que la même pluie pourrait générer plus 7% d’eau si on a un réchauffement de 1 degré, précise Xavier Fettweis, climatologue à l’Université de Liège et chercheur FNRS. Cela ne veut pas dire qu’il va pleuvoir plus mais s’il pleut, cela pourrait être plus intensif".
Si la Belgique respecte ses engagements et parvient à réduire le réchauffement climatique à 1,5 degré, le climat pourrait rester favorable à ce genre d’inondation. Si le climat se réchauffe davantage, les étés deviendraient trop secs pour provoquer ces précipitations extrêmes.
« Après on va avoir des problèmes de sécheresse, de canicules, de feux de forêts... donc ce n’est pas mieux que les inondations. C’est choisir entre la peste et le choléra. Les deux sont mauvais mais après, les dégâts seront encore plus important et surtout en termes de vies humaines ».
Bref, il faut agir et vite. Réduire le réchauffement climatique, mais aussi s’adapter à son dérèglement. C’est le message répété ce jeudi par Xavier Fettweis aux politiques à la Commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur les inondations des 14 et 15 juillet. (Aurélie Michel)