"En réaménageant les terres agricoles, on réduit de 30% le débit des rivières"

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Deux ans après les inondations, la ministre de l’Environnement, Céline Tellier, était à Theux ce mardi pour la présentation aux bourgmestres et échevins locaux des résultats des études de l’Université de Liège sur la catastrophe et la reconstruction robuste des berges. Des études attendues par de nombreux bourgmestres des communes sinistrées.

Ces études avancent bien. Elles ne concernent pas seulement la vallée de la Vesdre, mais tout son bassin-versant, c’est-à-dire aussi bien chez nous, par exemple, le plateau de Herve que les fagnes. Certains bourgmestres déploraient d’ailleurs que plus de communes ne soient pas présentes à cette présentation des résultats.

Définir des zones prioritaires

L’idée de toutes ces études, c’est de définir les zones prioritaires où effectuer des travaux, dans le lit de la rivière, mais aussi sur tout le bassin versant.

Sur le bassin-versant, l’idée est d’étudier comment infiltrer l’eau au maximum dans les sols et la ralentir pour diminuer le débit qui arrive dans la rivière.

Au niveau d’un bassin-versant agricole, on a pris l’exemple de la Magne et là, on a changé un peu les pratiques agricoles. On a respecté le fait qu’il y avait des prairies, des cultures de maïs, mais on a modifié un peu les pratiques agricoles. On a remis des haies, tout un bocage. On a remis aussi des haies qui peuvent être productives pour les agriculteurs, c’est-à-dire qui peuvent être source de revenus et on a regardé au niveau hydrologique comment ça fonctionnait et là, on voit un impact important : on peut diminuer les débits de 30 % donc, c’est significatif. Alors évidemment, dans un modèle, on change tout du jour au lendemain, mais cela veut dire qu’il y a matière à réfléchir", explique Aurore Degré, professeur en hydrologie et en physique des sols à l’Université de Liège. 

Remplacer les épicéas par des feuillus

"Sur le bassin forestier de la Hoëgne, là, on a réfléchi de la même manière et on a mis en oeuvre des mesures forestières : on a bouché des drains, on a remplacé les épicéas - qui de toute façon ne sont pas en bonne santé - par des feuillus, on a restauré des tourbières et on a regardé comment le bassin-versant réagissait. Là, les sols sont un peu moins faciles. Ils infiltrent moins mais on diminue les débits de 10 %. C’est moins important, mais cela reste intéressant. Surtout que plus d’infiltration, c’est bon pour les crues, mais aussi pour les sécheresses".

Des études de solutions plus radicales sont aussi en cours comme les "keylines" qui sont déjà utilisées en Drôme en France, c’est-à-dire l’aménagement de canaux peu profonds dans les cultures. Ces canaux sont bordés de talus plantés qui suivent la courbe de niveau. L’idée est que l’eau ne ruisselle pas vers le bas, mais s’infiltre dans le sol... Une solution pour lutter contre les inondations et les sécheresses...

(Au.M)

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